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Les vignerons paient aux verriers l’addition de l’inflation et le pourboire des superprofits
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Tournée générale
Les vignerons paient aux verriers l’addition de l’inflation et le pourboire des superprofits

Peu diserts auprès des médias et de leurs clients, les producteurs de bouteilles en verre assument auprès de leurs actionnaires des augmentations de prix couvrant plus que l’inflation.
Par Alexandre Abellan Le 27 avril 2023
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Les vignerons paient aux verriers l’addition de l’inflation et le pourboire des superprofits
Le verre bien semble plein pour les verriers partis sans payer, tandis que le verre reste bien vide pour les vignerons ayant offert plus que leur tournée. - crédit photo : Alexandre Abellan
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aboue quand elle émane de la presse, la question des niveaux de répercussion de l’inflation sur les prix de vente des bouteilles trouve une réponse sans fausse pudeur des groupes verriers dans leurs communications destinées aux investisseurs. Dans son bilan économique du premier trimestre 2023 paru cette fin avril, Verallia annonce que « comme anticipé, le spread d’inflation est nettement positif à hauteur de 135 millions d’euros, bénéficiant d’un effet de base particulièrement favorable : spread d’inflation négatif au premier trimestre 2022 (-34 millions €) dû au décalage temporel des hausses de prix de vente en Europe par rapport à l’inflation des coûts de production durant l’année 2022 », sachant que « le spread représente la différence entre l’augmentation des prix de vente [après] augmentation de ses coûts de production. Le spread est positif lorsque l’augmentation des prix de vente appliquée par le groupe est supérieure à l’augmentation de ses coûts de production. »

De même en Europe, « le résultat opérationnel du segment a bénéficié d'un prix net favorable, la hausse des prix de vente ayant plus que compensé l'inflation des coûts » indiquent sans ambages les résultats du premier semestre tout juste publiés par le groupe O-I* (pour un profit de 222 millions de dollars, contre 102 millions $ il y a un an). Une analyse déjà présente dans le bilan annuel 2022 du groupe O-I, ce qui témoigne d’un véritable système de transfert direct des hausses des coûts de production (énergie, logistique, matières premières…) vers les clients (dont les opérateurs de la filière vin).

Sens unique entre fournisseur et client

Ayant marqué les esprits vignerons avec sa comparaison du vigneron « cocu qui paie la chambre » des superprofits verriers, Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France, note que ces documents boursiers pleins de résultats exceptionnels, de baisse de ratio d’endettement et de hausse du prix des actions, confirment le constat du terrain. « Nous sommes très clairement à la source de la santé financière des groupes verriers en prenant sur les marges de nos entreprises » résume le vigneron de Fitou, pour qui « 100 % des augmentation des coûts industriels ont été assurés par les clients finaux. Les verriers ont bénéficié des tensions sur les stocks et les sous-capacités de production pour assoir une politique tarifaire. Aujourd’hui, nos entreprises ont clairement supporté seules l’absorption des hausses de l’inflation. Il n’y a pas eu de partage, mais un sens unique entre fournisseur et client. »

« On a alimenté la locomotive des verriers et la chaudière des actionnaires et nous ne voulons pas rester à quai » tranche Jean Marie, pour qui désormais « il faut rapidement renvoyer l’ascenseur : les hausse de coûts et des charges ne se justifient plus. Les verriers doivent aussi garantir l’approvisionnement : des ruptures pèsent sur notre capacité à commercer. »

Valorisation crantée

Un vœu qui n’est pas commenté par les verriers sollicités, mais qui semble difficile à réaliser pour un connaisseur du milieu de l’emballage, témoignant anonymement (« si on parle, on sait que l’on n’aura plus de matière »). Notant que l’on parle de baisse de 5 % des prix au premier avril pour certains verriers, cet expert souligne qu’avec des hausses de 45 % sur un an, « on sait que les prix ne baisseront jamais autant qu’ils ont monté. Les verriers sont aujourd’hui dans un monde financier, la crise covid leur a appris que la baisse des stocks dope le bilan économique. Aujourd’hui nous sommes tous devant le fait accompli. » Soulignant que comme les verriers n’ont plus de stocks depuis l’après crise covid (et sa forte reprise économique après une phase de réduction de la production), leurs capacités d’approvisionnements sont plus vulnérables au moindre incident (comme les grèves en France pour la réforme des retraites, citées par Verallia et O-I dans leurs derniers bilans économiques).

Ce qui n’empêche pas le constat d’une position hégémonique d’une poignée de groupe sur la production mondiale de bouteilles en verre. « Si les vignerons sont pris en otage par groupes verriers, ces derniers sont pris en otage par les fournisseurs de soude » essaie de nuancer le connaisseur de ce milieu, reconnaissant que « comme dans toute société, les arbitrages de production se font selon des choix de rentabilité, pour les clients les plus stratégiques et les modèles les plus porteurs (champagnes, flacons de parfums…). » Pas de quoi calmer les demandes de la filière vin d’enquêtes de la répression des Fraudes et de soutien du ministère de l’Économie.

 

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Tous les commentaires (2)
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Hype Le 27 avril 2023 à 10:22:35
Ça ne serait pas la première fois que les verriers s'entendent sur les prix. La filière verrière est cependant en train de mettre à genou le monde viticole, déjà bien mal en point. Est-ce bien intelligent de s'en prendre ainsi à sa clientèle?
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le john Le 27 avril 2023 à 09:15:53
vigneron cocu qui paie la chambre UN COMBLE
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