n toute logique, la filière portugaise se demande pourquoi la baisse progressive du coût de l’énergie a eu un effet positif sur les tarifs du fret maritime, sans pour autant faire régresser le prix des bouteilles, toujours à des niveaux record. Depuis quelques semaines, l’Association nationale des négociants et exportateurs de vins et spiritueux (ANCEVE) mène une enquête pour tenter d’identifier les principales problématiques auxquelles sont confrontés les professionnels portugais. Entre ruptures de stock et prix qui grimpent, la situation est peu réjouissante, ne montrant aucune amélioration par rapport à 2022.
Du Nord au Sud du pays, les producteurs doivent faire face à des prix du verre supérieurs en moyenne de plus de 55 %, et jusqu’à +70 %, sur quasiment tous les modèles, aux tarifs pratiqués avant la guerre en Ukraine. Pis encore, de nombreux modèles continuent de manquer, avec en tête, les formats bordelais et bourguignons, suivis des modèles Rhin et effervescents. De plus, les fournisseurs imposent des conditions draconiennes aux opérateurs, insiste l’ANCEVE sur la base des résultats de son enquête : l’écrasante majorité des fournisseurs a abandonné la surcharge énergétique dans sa facturation pour l’incorporer dans le prix final des modèles, ils facturent le transport sauf aux plus gros clients, et ils exigent le paiement anticipé, toujours avec quelques exceptions pour les plus gros clients. Enfin, les opérateurs notent que, en plus de la rupture des approvisionnements, les verriers ne prennent pas de nouveaux clients et accordent à leurs clients des quotas basés sur les achats de l’année précédente, « ce qui empêche tout producteur de conclure de nouvelles affaires et donc d’augmenter ses ventes ».
Devant cette situation, l’ANCEVE a de nouveau exhorté le gouvernement d’instaurer de toute urgence une plate-forme de dialogue « afin que, sous son haut patronage, les représentants des secteurs du vin et du verre puissent analyser la situation et chercher la manière la plus efficace d’aborder et de résoudre ce problème très grave ». La filière portugaise s’estime, par ailleurs, lésée par rapport à ses concurrents car se trouvant dans l’obligation de modifier constamment les procédures et l’étiquetage pour adapter sa production aux modèles disponibles, « ce qui nuit gravement à la cohérence des stratégies commerciales et de marketing ». Une situation d’autant plus pénible que, comme le souligne l’Association, la plupart des vins portugais sont commercialisés en bouteilles.