ive le contact humain ! Élise Trébuchon, nouvellement installée en IGP Haute Vallée de l’Orb avec son mari Kurt, apprécie de ne pas tomber sur un serveur vocal quand elle cherche un conseil. « Avec Vignerons Demain, les relations sont moins standardisées que dans les réseaux institutionnels, apprécie la jeune vigneronne. Au sein de ce groupe, on échange en direct avec des gens qui sont là pour nous aider. »
Élise et Kurt ont découvert le « club Vignerons Demain » à l’époque où celui-ci n’était qu’un réseau informel dans le giron de la société Terra Hominis (lire l’encadré). À l’été 2022, vivant alors au Canada et projetant de s’installer en France, le couple avait contacté Terra Hominis, une société de portage foncier, via le financement participatif.
« Finalement, cette solution de financement ne nous convenait pas, relate Élise. Mais Thierry Loscos, l’animateur de Vignerons Demain, nous a conseillé de rester en lien pour bénéficier de l’accompagnement du réseau. Il envoie une veille foncière chaque semaine et organise une web-conférence chaque mois. Je n’ai pas le temps de les suivre en direct mais je lis les comptes rendus et m’y réfère souvent pour trouver les réponses à mes questions ! »
C’est cette mise en relation avec d’autres vignerons qui a permis au couple de trouver 2,5 ha en fermage au mois de février dernier. De quoi faire leurs premières vendanges en attendant de s’agrandir et vivre à plein temps de la vigne.
En cours d’installation à Gaillac, Laurent Gargaud est, lui, assidu aux conférences en ligne. « Il y a eu un intervenant d’une banque, puis d’une Safer, un représentant des Vignerons Indépendants, un pépiniériste pour parler de plantations et complantations, un architecte au sujet des constructions de caves… », énumère ce chef d’entreprise sur le point de concrétiser un rêve dormant depuis quinze ans. Sa formation diplômante touche à sa fin. Laurent Gargaud signera en juin l’acte d’achat du domaine de La Ramaye (6,5 ha), où il a commencé à travailler en janvier.
« J’ai connu Terra Hominis en tant qu’investisseur associé, en prenant moi-même des parts dans des vignes il y a quelque temps, rapporte-t-il. Je m’étais alors dit que j’aurais un jour recours à Terra Hominis pour alléger le coût de mon installation. »
Le premier interlocuteur que Laurent Gargaud a contacté a été la chambre d’agriculture du Tarn. « Elle m’accompagne sur les demandes d’aides, mais l’approche de Vignerons Demain est plus globale, reprend le néovigneron. Thierry Loscos m’a soutenu dans la construction de mon projet, à commencer par la recherche de foncier : qui aller voir, où déposer des annonces, comment prospecter ? Puis, quand j’ai trouvé un bien, il m’a conseillé à chaque étape, de la rédaction de la lettre d’intention à la préparation de l’acte. »
Au sud de la vallée du Rhône, Julien Lopez a acheté 1,5 ha en 2022 : trop peu pour en vivre, mais assez pour se lancer et « être identifié en tant que vigneron ». Début 2023, il a lâché son emploi salarié viticole pour se consacrer à sa vigne. Mais, de deux choses l’une, « soit je trouve d’autres surfaces, soit je reprends un travail à mi-temps », résume le jeune vigneron, qui cumule les obstacles : « N’étant pas issu du monde agricole ni de la région, je n’ai pas accès au bouche-à-oreille. » Son objectif est de s’agrandir sans supporter le coût du foncier. Il a répondu à des annonces, contacté des GFV (groupements fonciers viticoles)… Une solution s’esquisse avec Vignerons Demain. Le réseau a en effet lancé un club d’investisseurs « Ethic invest ». « Il s’adresse aux gens qui veulent donner du sens à leur épargne en soutenant un projet viticole, explique Thierry Loscos. Nous les mettons en lien avec des porteurs de projet. Il ne s’agit pas de financement participatif mais bien de fermages classiques. » Intéressé par le projet de Julien, un investisseur a candidaté à une annonce de la Safer pour acheter des vignes en vue de les lui louer.
La force du réseau est aussi de briser l’isolement, notamment grâce à son groupe WhatsApp, qui permet d’échanger idées, infos et retours d’expériences. « On se sent moins seuls en voyant que d’autres vivent les mêmes galères, témoigne Julien Lopez. Et, en voyant ceux qui réussissent, on se dit : pourquoi pas moi ? »