acilité d’installation, optique zéro déchets et recyclage des matières, le créateur de Vinotex, Arnaud Cheront, a bon espoir de proposer aux viticulteurs dans les années à venir une réponse adéquate contre le gel.
« L’idée m’est venue lorsque j’ai vu toutes les vignes enfumées autour de Beaune en 2019 à cause du gel. Je me suis demandé s’il n’y avait pas une solution alternative à créer au fait de devoir brûler de la paille. », explique Arnaud Cheront, président de la S.A.S SCYLLA.
Son idée : un système antigel à l’impact carbone le plus bas possible. Après quatre ans de tests et de recherches, et 100 000€ d’investissement, il termine son système Vinotex.
Le principe : protéger la vigne du gel grâce à un géosynthétique amovible (de 250 ou 300g/m2 traité anti-U.V, associé à un film polyéthylène thermocollé qui permet un rapport plus doux s’il y a contact avec les bourgeons appointant), opaque à l’eau et presque totalement à la lumière venant coiffer directement les rangs de vignes et agissant « comme un igloo » sur celle-ci. Ce géosynthétique réutilisable une dizaine d’année a été pensé par son créateur comme un déchet utile. En effet à la fin de sa première vie dans les vignes, ce géosynthétique usé se verra recyclé et réutilisé par les entreprises de travaux publics et les paysagistes locaux. « Le but est de rester en filière courte pour le recyclage de ce produit. », affirme le créateur de Vinotex.
À la suite de plusieurs expérimentations avec la chambre d’agriculture Bourgogne-Franche-Compté et quelques viticulteurs, les résultats sont les suivants : si le temps est dégagé en journée, le géosynthétique emmagasine les calories pour les conserver le plus longtemps possible la nuit, jusqu’au lever du jour suivant. Le gain de température observé lors du passage en températures négative est alors de l’ordre des +1,5°C/+2°C sur 4 heures.
Si le système a fait ses preuves contre le gel d'advection, il reste encore à parfaire contre le gel radiatif.
L’installation et la désinstallation du système Vinotex nécessite la contribution de trois personnes : le conducteur de l’engin (enjambeur) et deux opérateurs à pied maintenant le géosynthétique. Il faut compter 3h30/hectare pour le déroulage et 4h pour le réenroulage. L’enrouleur et le dérouleur ont été coconçus avec le constructeur Boisselet.
Le déroulage :
Les rouleaux auront été préalablement disposés au bout de chaque rang.
Le dérouleur, attelé à l’arrière de l’enjambeur, se compose d’un palonnier simple sur lequel est monté le rouleau de géosynthétique. Le rouleau se déroule librement par l’avancement du tracteur et le maintien des opérateurs. Les opérateurs disposent également des cavaliers de lestage pour maintenir la géosynthétique.
Géosynthétique une fois posé. Crédit photo : Arnaud Cheront.
Le système ainsi posé peut rester en place 5 à 7 jours maximum.
L’enroulage :
Après récupération des mandrins stockés à l’abri, le géosynthétique est prêt à être réenroulé.
L’enrouleur, attelé à l’avant de l’enjambeur est équipé d’une barre de relevage en amont. Il est couplé au système hydraulique de l’engin. Le chauffeur contrôle donc la vitesse d’enroulage du géosynthétique. La barre de relevage a une double fonction : celle de guider la couverture pour assurer la régularité de l’enroulage mais aussi pour soulever le géosynthétique afin qu’il n’exerce aucune contrainte sur les palissages.
L'enrouleur nu. Crédit photo : Arnaud Cheront.
L’enrouleur et le dérouleur pèsent une centaine de kilos et sont, pour le moment, adaptables sur tracteurs enjambeurs. L'entreprise estime le poids d'un rouleau de 100 mètres à 60 kilos. Comptez 10 000€ pour vous équiper du système. Le coût par hectare après amortissement est estimé à 3000€. Précisons qu'il est obligatoire d'avoir un espace de stockage à l'abri pour stocker les rouleaux de géosynthétiques lorsqu'ils sont inutilisés.
« Nous sommes encore en train de perfectionner le système pour pouvoir l’adapter aux tracteurs viticoles en inter-rang. Nous expérimentons également pour être en mesure de proposer dès que possible une solution contre le gel radiatif. », explique Arnaud Cheront, « Pour le moment le système convient très bien aux vignes de Bourgogne, mais nous savons qu’il faut parfaire ce système pour les viticulteurs des autres régions qui n’ont pas les mêmes réalités de terrains. »