ichel Marty, directeur des Côteaux du Pic, à Saint-Mathieu-de-Tréviers, dans l’Hérault, a franchi le pas cette année et a d'ores et déjà réservé un groupe froid pour compléter son installation existante. « Jusqu’à maintenant, nous produisions 40 000 hl/an mais cette année, avec notre nouvelle cuverie inox thermorégulée de blancs et rosés, nous allons produire 8 000 hl supplémentaires, indique-t-il. Nous disposons d’un groupe froid mais qui n’est plus suffisant pour réguler les cuves. Certaines années, on a déjà du mal à maintenir la température, surtout celle des rouges. Avec les chaleurs qu’on a parfois, les raisins peuvent rentrer à la cave entre 25 et 30 °C dans l’après-midi. »
Plutôt que d’investir, la coopérative a préféré louer un groupe afin de conserver de la souplesse. « Le froid, c’est un besoin ponctuel, pour six semaines par an, souligne Michel Marty. Nous louons chez Cantié Process, qui a estimé notre besoin. Nous sommes donc partis sur un groupe de 160 kW, qui nous coûtera environ 10 000 € HT. Nous avons déjà passé la commande, de crainte de ne pas avoir le matériel disponible. En même temps, on a loué des compresseurs pour la mise en bouteille et pour la cave. »
À Tresses, près de Bordeaux, Laurent Simon, responsable d’exploitation du Château Sénailhac, travaille depuis près de vingt ans avec Aggreko. Il leur loue tous les ans un groupe froid, ainsi qu’un groupe électrogène pour l’alimenter, faute de disposer d’une installation électrique suffisante. « Pour environ un mois, la location me coûte environ 6 000 € HT pour un groupe froid de 100 kW et un groupe électrogène », précise-t-il.
Le Château Sénailhac ne dispose d’aucun groupe froid. « Nous produisons 2 500 à 3 000 hl de vins rouges uniquement, et nous n’avons pas les moyens d’investir dans une installation fixe, détaille le vigneron. Nos cuves en inox sont thermorégulées et alimentées par ce groupe froid via un réseau collectif, ce qui me permet d’opérer une macération préfermentaire à 10 °C pendant trois à quatre jours grâce à deux échangeurs thermiques ; mes cuves thermorégulées prennent ensuite le relais pendant la fermentation. »
Laurent Simon apprécie particulièrement le service clé en main apporté par Aggreko. « Ils installent le groupe, le raccordent au réseau et le mettent en route. Malgré cela, tous les ans, à la mise en route, on a une mise en défaut ou un léger problème mais ils assurent une maintenance 24h/24h et soit ils me dépannent par téléphone, soit ils se déplacent. Le SAV est un point essentiel : une année, je me suis tourné vers un autre loueur faute de matériel disponible chez Aggreko. Seul hic : aucun SAV ! Quand on est en pleine vendange et que personne ne se déplace en cas de panne, c’est vraiment problématique, je ne suis pas assez compétent pour dépanner un groupe froid. »
D’autres domaines louent des containers frigorifiques afin de refroidir la vendange avant le pressurage. Un choix qualitatif et logistique pour le Château Bonisson, à Rognes, dans les Bouches-du-Rhône. Victoire Le Dorze en est la directrice et propriétaire. Elle loue pendant près d’un mois un container frigorifique de 30 pieds (environ 9 mètres de long) – de quoi loger une dizaine de palettes et environ 6 t de vendange –, auprès de Frigo Trading, pour environ 3 000 € HT, transport compris.
« Nous ne produisons que 350 hl, signale-t-elle. Nous vendangeons nos 7 ha à la main dans des caisses, très tôt le matin, et on arrête à 12 h. Petit à petit, on remplit la chambre froide et les raisins descendent jusqu’à 6 °C. Les caisses sont ajourées, ce qui permet une bonne ventilation des raisins. Le lendemain matin, on sort la vendange de la veille, on la trie et on la presse. Nous procédons de cette manière depuis que nous avons racheté le domaine, il y a cinq ans. En ce qui concerne l’utilisation de la chambre froide, c’est très simple : il suffit de régler la température depuis l’arrière du container. » Victoire Le Dorze voit dans cette façon de faire un réel intérêt qualitatif. « Nos rosés sont très clairs et aromatiques, sans collage. C’est toute une démarche qui nous permet de bien les valoriser. »
Un seul bémol : il faut veiller à l’emplacement du container, de manière à ne pas déranger le voisinage car son fonctionnement est assez bruyant. Côté équipement, il y a quelques prérequis : une prise d’au moins 32 A – mais de préférence de 64 A –, un chariot-élévateur pour amener la vendange dans le container et un tire-palette pour manipuler les palettes à l’intérieur.
« On a toujours des surprises car ça consomme beaucoup et il y a parfois des pannes ou des incidents, évoque Victoire Le Dorze. Pour choisir son loueur, il faut surtout un bon service après-vente, disponible 24h/24h et 7j/7j… et s’y prendre tôt. D’habitude, je louais chez Petit Forestier mais l’année dernière, je m’y suis prise trop tard, ils n’avaient plus le matériel. J’ai donc loué chez Frigo Trading, qui a été très réactif. Quand nous avons eu une panne, ils sont intervenus dans la journée. »
À la Croix-Valmer, dans le Var, Édouard Planel, œnologue du domaine de la Croix, loue un container frigorifique de 40 pieds, voire deux en fonction des années, qui peut contenir une trentaine de pallox, soit jusqu’à 10 t de vendanges. « Nous louons selon nos besoins. Si on achetait un conteneur frigo, il faudrait le stocker après les vendanges. Or, ça prend de la place et ce n’est pas très esthétique. Alors autant louer ! »
Sur les 110 ha de vignes du domaine, la vendange est mécanique la nuit et manuelle le jour, où les raisins peuvent alors entrer à plus de 25 °C. « C’est pourquoi nous les passons une nuit en container frigo avant de les presser le lendemain, indique l’œnologue. Et si on n’a pas pu presser toute la vendange de la veille, c’est pratique d’en avoir un second, qui puisse loger la vendange du jour. »
« Après une nuit au froid, la vendange est descendue à 8-10 °C, ça évite de trop tirer sur les groupes froids et de les mettre en défaut alors qu’ils sont déjà mis à rude épreuve avec la chaleur, détaille Édouard Planel. En revanche, côté manutention, c’est assez compliqué car la vendange qu’il faut presser en premier – celle qu’on a rentrée en premier la veille – se trouve au fond du conteneur. »
Selon Bastien Roth, directeur commercial de Tibbloc, entreprise spécialisée dans la location, les vignerons réfléchissent de plus en plus à des besoins temporaires. « Pour louer un groupe froid, il faut s’y prendre vers le mois de mai-juin car le marché est très saisonnier et si on ne prévoit pas, on s’expose à un risque de pénurie. Il y a aussi des viticulteurs qui nous appellent en urgence parce que leur groupe froid est tombé en panne. ». Christophe Meunier, responsable des ventes d’Aggreko, souligne l’importance d’un dimensionnement adéquat des groupes froid. « S’ils ont été sous-dimensionnés, les caves peuvent rapidement se retrouver limitées. Dans ce cas, la location devient intéressante. »