u Familial, route de Toulouse, à Bordeaux, à quelques minutes de la gare Saint-Jean, La Bête Blanche, une bière aux arômes d’agrumes et herbacés, fait un tabac auprès des trentenaires. Quant à la Super Bock et la Sagres, elles font les délices des jeunes travailleurs portugais qui viennent régulièrement dans ce bar-tabac-loto-presse, doté d’un espace pour grignoter des plats chauds ou des planches de fromages et de charcuterie.
Repris en avril 2021 par Eugenia et Fred, un couple venu de Paris, l’établissement est ouvert tous les jours sauf le dimanche. « Notre stock est constitué à 90 % de bières », souligne Eugenia. Il faut dire que les brasseurs ont mis le paquet. Dès leur installation, Kronenbourg a fourni le couple en tables et chaises et ce, gratuitement. « Nous n’avons jamais été approchés par des viticulteurs », observe Eugenia.
Au Chai Maestro, 80 couverts dans le quartier Mériadeck, l’ambiance est toute autre. Alexis Maestro, 35 ans, détenteur d’un master commerce vins et spiritueux, a repris ce restaurant en mars 2020. Il propose une cuisine savoureuse et aime faire découvrir les vins à ses clients. Il propose une centaine de références à sa carte. Beaucoup de viticulteurs et d’agents le visitent.
Mais Alexis Maestro observe que les brasseurs sont plus percutants : ils lui ont offert son enseigne lumineuse, du mobilier et des verres. Côté clientèle, « il y a une vraie demande pour la bière qui est un produit accessible, peu alcoolisé. Et les bières locales marchent fort. En Gironde, on dénombre une dizaine de brasseurs », indique-t-il. Le must ? Prendre une bière à l’apéro avant de commander un plat accompagné de vin.
Attablée à la terrasse du Café de Minuit, place des Grands-Hommes, au cœur de Bordeaux, ce samedi en fin d’après-midi, Alexandra, 31 ans, salariée de Cdiscount, savoure une bière en guise d’apéro, comme toutes les fins de semaine. Mais pas n’importe laquelle : une bière blanche au poivre de Timut. « C’est rafraîchissant et on peut picoler sans être ivre », confie-t-elle. Quant au vin, elle n’en boit pas ou très peu et surtout des moelleux.
Mahé, 16 ans, lycéenne, et ses copines Noa et Léa avouent être fans de monaco (bière + grenadine). « J’ai goûté à ma première bière il y a deux ans. Ça pétillait mais c’était amer », relate Mahé. Pas de quoi la refroidir : « J’aime la bière parce que ce n’est pas cher. On peut en boire à la bouteille. Ça s’élimine plus facilement que le vin et c’est plus sain que le vin. C’est moins alcoolisé et, le vin, je m’en méfie un peu car je ne sais pas vraiment ce qu’il y a dedans. » Et de confier à voix basse : « C’est plus difficile de mettre la drogue du violeur dans une bouteille de bière que dans un verre. »
Au Monzù, un bar-restaurant italien en face du Café de Minuit, la bière et le vin sont au coude à coude et séduisent toutes les générations. « Bière ou vin, c’est une question d’éducation », assure Julien, 33 ans, un des serveurs, pas franchement fan de bière. Chez lui, l’après-midi et en début de soirée, on consomme surtout de la bière. Ce n’est qu’ensuite, au dîner, que le vin revient sur les tables.
Alors que le vin et la bière sont les deux boissons préférées, à égalité, des Français toutes classes d’âges confondues, il n’en est pas du tout de même chez les jeunes. 53 % des 18-25 ans préfèrent la bière, contre 33 % le vin. C’est ce qui ressort du dernier baromètre de l’agence Sowine, présenté le 28 mars. À noter également que 67 % des 18-25 ans se disent très attentifs aux labels environnementaux et qu’ils prennent le temps de lire les étiquettes de vin à la recherche d’un label. Autre tendance : les jeunes sont 23 % à déclarer s’abstenir d’alcool contre 10 % chez les 50-65 ans.