e nouveau monde viticole a inspiré l’ancien. Dans les Costières de Nîmes, Michel Gassier s’apprête à passer le disque entre les rangs d’une vingtaine d’hectares semés de radis blancs. « Ils ont pompé de l’eau tout l’automne et l’hiver et vont progressivement la relarguer en se dégradant, de quoi subvenir aux besoins de la vigne qui commence à débourrer » relate le propriétaire du château de Nages.
Sa fille Isabel a découvert ce couvert en Californie, auprès de Phil Cotturi, considéré comme le gourou de l’agriculture régénérative. « Nous l’avons associé à de la phacélie pour sa capacité à fixer l’azote » reprend Michel Gassier.
Le vigneron a payé son mélange 60 €/ha et l’a semé à la volée sur un lit de semence en deux temps. Fin août dans les rangs où la machine à vendanger ne passe pas. Fin octobre dans les autres. « Le radis a profité des pluies d’automne et poussé bien plus vite que adventices endémiques ».
Michel Gassier a aussi apprécié la capacité à décompacter les sols du tubercule. « C’est un très bon couvert dans les sols de loess et d’argile » estime-t-il, ayant en revanche remarqué que le radis ne se plaisait pas dans les sols trop calcaires.
Pour cet essai comme pour tous les essais de couverts végétaux qu’il réalise, le vigneron a choisi des parcelles irrigables « pour pouvoir subvenir aux besoins de la vigne si la concurrence en eau devient trop forte ».
En augmentant la teneur en matière organique de ses sols, par le biais des couverts et d’apports de compost qu’il fabrique lui-même, Michel Gassier espère rendre sa vigne complètement autonome sans perdre en rendement.
« Le graal serait d’atteindre les 60 hl/ha sans irriguer ni travailler les sols, en semant directement sur un bon paillage pour limiter l’évaporation et favoriser la biodiversité » se prend-t-il à rêver, conscient que la tâche sera moins aisée dans les sols caillouteux, plus difficile à rouler, où il sème en ce moment des céréales en surveillant les faims d’azote.