Prowein, la petite musique du déclin du salon a tendance à se répéter dans certaines allées de stands français. Mais dès que l'on s'éloigne, le refrain est tout autre : « Prowein est un rendez-vous incontournable. Pour nous, comme pour nos voisins australiens et d’autres pays de l’hémisphère sud, c’est le seul évènement d’ampleur mondiale auquel beaucoup de nos exposants participent, car il n’y a rien d’équivalent sur le continent américain, en Asie ou ailleurs dans le monde », approuvent en chœur Charlotte Read et Chris Stroud, respectivement responsable marketing et responsable Europe de New Zealand wines, l’organisation en charge de la promotion et l’accompagnement de la filière viti-vinicole néo-zélandaise.
Alors que dans les travées françaises, beaucoup se posent la question de maintenir une participation à la foire allemande un mois après un Wine Paris qui atteint une ampleur de premier plan, la question ne traverse nullement l’esprit des exposants néo-zélandais ou leurs voisins. Les travées y sont bien remplies et les rendez-vous nombreux pour les 80 producteurs kiwis ayant fait le déplacement à Düsseldorf. « Les Etats-Unis sont notre premier marché en volume et en valeur, toujours en progression, suivi par le Royaume-Uni et l’Australie. L’Allemagne et les Pays-Bas arrivent en 5ème position, avec un rôle de plateforme de redistribution de nos vins vers d’autres pays européens », précise encore Chris Stroud. Si le marché US reste de loin le marché prioritaire pour les néo-zélandais, les opérateurs se félicitent d’un marché britannique sur lequel ils positionnent des vins plus premiums et des opportunités européennes qui reconnaissent de plus en plus la qualité de leur production.
La Nouvelle-Zélande compte en 2022 plus de 700 exploitations viticoles et presque 750 wineries, un retour à la progression significatif après une baisse passagère entre 2016 et 2018. Les surfaces de vignes cultivées n’ont quant à elles jamais cessé leur progression, pour atteindre 41 600 hectares en 2022. « Avec 1% des volumes produits dans le monde, nous restons néanmoins un nain de la production viticole. Nous avons aussi connu un gel en 2021 qui a pénalisé de plus de 20% notre production, avant d’enregistrer notre millésime le plus généreux en 2022, avec 3,83 millions hl », ajuste Chris Stroud.
Tous les indicateurs ne sont cependant pas dans d’aussi bons standards, avec notamment une consommation et des ventes domestiques en recul depuis plusieurs années, pour les vins locaux comme pour les vins importés. L’export reste donc la valeur sûre pour les producteurs néo-zélandais qui, s’ils n’ont pas nécessairement progressé en volume, affichent une croissance en valeur de leurs exportations de vins qui ne se dément pas. Alors que celles-ci atteignaient 1,2 milliards nz$ en 2013, elles n’ont jamais été aussi proches de dépasser le seuil des 2 milliards, avec 1,95 Mds nz$ de vins exportés en 2022, confirmant la marche vers une premiumisation et une valorisation essentielles pour la pérennité de la filière néo-zélandaise. Contrairement à ce qui peut être entendu au sujet de leurs voisins australiens, les producteurs néo-zélandais ne sont pas touchés par la nécessité de laisser une partie des raisins sur souche en 2023.
Loin d’Europe, les producteurs du pays du long nuage blanc ne se disent pas du tout concernés par les problèmes d’approvisionnement en verre, mais déplorent en revanche une inflation marquée qui affecte le prix des matières premières et leurs coûts de production. « Le gouvernement travailliste au pouvoir a également augmenté les minimas salariaux. Couplée à la fermeture complète de notre pays en raison de la crise Covid, la production est confrontée à un état de tension marqué concernant la disponibilité de main d’œuvre », souligne encore Charlotte Read.
Côté cultural, les représentants de NZ wines indiquent qu’il y a encore de la place pour des surfaces supplémentaires de vignes dans le pays, alors que l’accès à la ressource en eau reste excédentaire dans le pays. « Face à l’évolution climatique, cela fait plusieurs années que le pays s’est engagé dans une démarche globale de développement durable dans laquelle s’inscrit pleinement le vignoble. L’efficacité de l’utilisation de l’eau et le maintien de sa qualité sont au centre des préoccupations, tout autant que la réduction des émissions de l’ensemble des industries du pays », ponctue Chris Stroud.