Il y a 15 ans, une étude a montré qu’une petite élévation de température de 15,5 à 17,5 °C au moment de la nouaison, dont la plage optimale se situe entre 20 et 30°C, peut faire varier le poids des baies de 48 à 78 grammes » rappellent Christian Chervin et Olivier Geffroy, de l’Université de Toulouse (le premier à l’Ensat, le second à Purpan).
Pour augmenter la température des pistils des fleurs de vigne et favoriser la transformation de l’ovaire en fruit, les enseignants-chercheurs ont eu l’idée d’utiliser de l'éthylène, connu pour stimuler la respiration des plantes.
Leurs essais ont porté sur le malbec (ou cot), cépage emblématique de leur région particulièrement sensible à la coulure. Ils ont d’abord incubé dans 40 boutures fructifères dans 4 chambres de culture à 14,5°C, en y injectant 0.1, 1 ou 10 ppm d’éthylène.
« La température des pistils a augmenté jusqu'à 15 °C à 1 ppm. Des doses plus faibles ont eu un effet moindre mais bien présent » assurent les chercheurs, précisant que ces élévations de températures se sont produites en 1h seulement, le temps de leurs observations. Les doses de 1 et 10 ppm ont amélioré la nouaison de 8 et 25%.
Pour valider ces premiers résultats, Christian Chervin et Olivier Geffroy se sont rendus à Cahors dans une parcelle de malbec de 20 ans début juin 2021. 50% des capuchons étaient tombés et le thermomètre affichait 16°C à l’ombre. Reprenant les trois modalités qu’ils avaient testées en chambre, ils ont pulvérisé 110 L/ha d’une solution produite par Bayer d’éthéphon, le précurseur de l’éthylène, diluée à l’eau pour arriver à des concentrations de 1,8, 18, ou 180 mg/L.
Quand ils sont retournés dans les vignes un mois plus tard, les chercheurs ont constaté que la concentration ultra-faible de 1,8 mg/L d'éthéphon avait amélioré la nouaison de 35 à 45 %. Les doses supérieures n’ont pas fait mieux.
« Ce traitement à faible coût semble permettre un vrai grain de rendement » se réjouissent-ils, espérant que ces travaux publiés dans le Journal of Plant Growth Regulation et financés par une bourse Toulouse Tech Inter Labs (Toulouse INP - Institut National Polytechnique de Toulouse) puissent dans un avenir proche améliorer l’équilibre économique des domaines viticoles.