ucun cépage ne peut être considéré comme résistant à la sécheresse. C’est la conclusion de l’Institut Coopératif du Vin (ICV), qui suit depuis deux millésimes plusieurs parcelles de cépages étrangers pouvant présenter un intérêt face au changement climatique.
Ces cépages viennent du Portugal (touriga national N, baga N, verdelho B), de l’Espagne (verdejo B, alvarinho B, aarello B, parellada B, godello B), d’Italie (nero d’Avola N, primitivo N, aleatico N), de Croatie (grk B, prc B, malvoisie d’Istrie B), de Grèce (assyrtiko B) ou de Géorgie (saperavi N).
Des vignerons les ont plantés dans 25 parcelles réparties sur 8 sites du Gard et de l’Hérault. « Ils sont suivis agronomiquement par des étudiants de l'Institut Agro Montpellier, Eric Cheylus et Clara Belleville, encadrés par Thierry Lacombe » décrit l’ICV, qui les vinifie dans sa cave expérimentale.
Placés dans des conditions de fort stress hydrique, tous les cépages manifestent des symptômes foliaires ou des valeurs de potentiel foliaire très basses. « Tout au mieux peut-on parler de moindre sensibilité à la contrainte hydrique pour certains cépages comme le calabrese (nero d’Avola) » explique l’ICV.
En revanche, le fort potentiel en acide malique de certains en font des cépages intéressants dans des conditions de sécheresse et de fortes chaleurs. Ainsi, l’alvarinho, le saperavi, le xarello, le verdelho ou le nero d’Avola, présentent des acidités comparables à supérieures à celles du carignan à même niveau de teneur en sucres.
Alors que les modèles utilisés par l’INRAe indiquent que le réchauffement hivernal en cours va entraîner une avance de débourrement de 10 à 30 jours par rapport à la période 1960-1990, tous ces cépages commencent leur cycle dans un délai de 10 jours après le chasselas.
« L’adaptation aux gelées de printemps ne pourra se faire que par le seul choix du cépage. Il faudra l’associer à une taille hivernale longue suivie d’un deuxième passage après la période de gels » prévient l’ICV, ayant toutefois noté que des différences importantes de fertilité secondaire font que certains cépages ont la capacité de produire du raisin même en cas de destruction des bourgeons primaires, comme le touriga national, l’aleatico, le verdelho.
« Nos observations montrent que l’introduction de cépages venant de régions plus chaudes et plus sèches n’entraîne pas systématiquement un allongement des stades phénologiques quand ils sont implantés dans des terroirs plus frais » conclue l’ICV, qui met à disposition des vignerons plusieurs fiches techniques.