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De premiers vignobles français en climat aride cet hiver 2023
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Manque d’eau
De premiers vignobles français en climat aride cet hiver 2023

S’il ne se définit pas comme un influenceur ou un lanceur d’alerte, le docteur en agrométéorologie Serge Zaka reste un vulgarisateur des impacts climatiques sur le vignoble. Qui se font déjà sentir avant le début du millésime 2023, inquiétante douceur hivernale oblige.
Par Alexandre Abellan Le 17 mars 2023
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De premiers vignobles français en climat aride cet hiver 2023
Avec son chapeau, le docteur Serge Zaka quitte ITK pour continuer de vulgariser les effets du changement climatiques sur les terroirs. - crédit photo : DR
C
omment analysez-vous la météo actuelle, entre fortes températures et faibles précipitations : peut-on parler de canicule hivernale ?

Serge Zaka : C’est un terme très médiatique comme le mot de canicule marque. Mais on ne peut pas parler de canicule avec des températures de 13 à 20°C : il y a un seuil de température précis pour parler de canicule (variant selon les départements, à plus de 30-35°C). On parle de douceur hivernale. Et de risque de faux printemps, les végétaux pouvant se réveiller plus tôt, il y a un risque de gel avril. Nous avons vécu trois mois d’hiver au-dessus des normes de température, avec un pic de douceur à 28°C ce lundi et des orages à la puissance estivale (avec de la grêle).

Avec un faux printemps, les végétaux vont consommer de l’eau plus tôt que d’habitude. Alors que l’hiver a été déficitaire en eau et qu’il aurait fallu une pluviométrie excédentaire pour rattraper le retard de rechargement des nappes phréatiques. En mars, il y a eu une pluie efficace permettant d’humidifier les 40 premiers centimètres des terres agricoles, mais les nappes phréatiques ne se sont pas remises de la sécheresse 2023. Les problèmes arriveront en mai, quand il n’y aura pas assez d’eau pour l’irrigation : les nappes phréatiques sont une bombe à retardement pour l’été. Les arrêtés préfectoraux d’interdiction d’irrigation tomberont plus tôt. Le manque de pluies de surface n’est pas à prendre à la légère. C’est un problème majeur qui va venir nationalement.

 

Le manque d’eau pèse sur les esprits vignerons, comme avec une demande de messe à Perpignan pour faire tomber la pluie.

Il y a des cas locaux préoccupants dans l’Aude et les Pyrénées Orientales, dans des zones très viticoles. Il n’y a pas eu de pluies significatives depuis un an : avec 170 mm de pluie seulement, c’est un climat aride comme aux abords du Sahara. S’il ne pleut pas, on risque de dépasser le seuil de mort du végétal pour la vigne, qui est pourtant une plante résistante à la sécheresse. On n’est plus dans le stress, on est dans la mort du végétal. Ça ne concerne aujourd’hui que 5 % du territoire, mais cela n’a jamais été vu ailleurs en France. Pour l’instant c’est limité spatialement et temporellement, mais dans le futur ce sera un risque moins ponctuel. En rentrant dans des climats arides, on sort du climat propice à l’agriculture française. Cela confirme les prévisions des experts du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), il faut en être conscient.

 

Jusqu’à présent vous travailliez pour ITK, quels sont actuellement vos projets d’agrométéorologue-infuenceur-lanceur d’alerte indépendant ?

J’ai passé 7 ans chez ITK comme spécialiste en agroclimatologie : 5 ans comme agromodélisateur et 2 ans à répondre aux demandes de médiatisation et de communication pour les agriculteurs et le grand public pour transmettre des connaissances scientifiques. ITK a été pour moi un incubateur d’ouverture d’esprit et d’acquisition de nouvelles compétences, c’est le moment de prendre mon envol, je deviens indépendant. Je vais travailler comme conférencier pour transmettre des résultats scientifiques (de la recherche publique et de calculs statistiques que je réalise), je suis consultant auprès d’entreprises agricoles pour montrer les impacts sur leurs terroirs du changement climatique par des modélisations (en calculant des évolutions personnalisés à horizon 2050 et 2100 des risques de gel, de la pluviométrie, des jours au-dessus de 35°C, de la phénologie…). J’ai pour projet de proposer un bulletin d’agroclimatologie au niveau des parcelles. Les vignerons et domaines peuvent me contacter pour travailler sur du concret et éviter de se prendre la claque du changement climatique. J’ai aussi des projets de documentaires et de livre sur les orages (ma passion comme chasseur d’orage).

Je n’aime pas le terme d’influenceur, il y a une connotation péjorative sur les réseaux sociaux pour vendre des produits de beauté ou des cures amaigrissantes… Je vends de la connaissance, je ne suis pas un vecteur de produits ou de marques de matériel agricole. Peut-être qu’un jour j’aurai un partenariat pour des chapeaux de cowboy ! Et je ne suis pas un lanceur alerte, mais un médiateur scientifique. Je n’influe sur rien du tout, je suis passeur de connaissances.

 

 

 

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