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Faut-il en finir avec le droit de préemption des SAFER sur le foncier agricole ?
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Les pieds dans le plat
Faut-il en finir avec le droit de préemption des SAFER sur le foncier agricole ?

N’ayant aucun confiance dans le système actuel de contrôle des transactions foncières dans l’agriculture française, la militante Sylviane Jaccoux d’Eyssautier propose de faire exploser les prérogatives des SAFER.
Par Alexandre Abellan Le 09 mars 2023
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Faut-il en finir avec le droit de préemption des SAFER sur le foncier agricole ?
Opposante historique aux SAFER, Sylvaine Jaccoux est actuellement la gérante d’un domaine viticole de Saint-Émilion : « ils sont à vendre. Si par hasard vous connaissez quelqu'un intéressé, surtout n'hésitez pas ». - crédit photo : DR
S

i certains agriculteurs et vignerons ont une dent contre les Sociétés d'Aménagement Foncier et d'Établissement Rural (SAFER), Sylviane Jaccoux d’Eyssautier semble avoir toute une mâchoire contre l’opérateur foncier et ses prérogatives : notamment l’usage du droit de préemption pour garantir l’intérêt commun (chaque dossier étant soumis à l'avis d'un comité technique puis avisé par le conseil d’administration sous le contrôle de commissaires du gouvernement). Ne mâchant pas ses mots, la présidente de l’association Agri Patrimoine souhaite « en terminer avec ce moyen de corruption qui est d'accorder une prérogative de puissance publique et la vente d'exonérations fiscales à une structure privée corruptible ». Souhaitant ouvrir le débat, Sylviane Jaccoux d’Eyssautier propose concrètement une réforme transférant le droit de préemption aux conseils départementaux (voir encadré).

« Le système fonctionnerait comme le font les poursuites pénales : une structure qui instruit, recueille les demandes, étudie le dossier, les enjeux, etc… La SAFER agirait comme le font les juges d'instruction » explique Sylviane Jaccoux d’Eyssautier, ajoutant que son système s’appuierait sur « une autre structure à laquelle le dossier est transmis et qui contrôle et organise les poursuites, comme le font les procureurs de la République, le Parquet donc. Cela fonctionne très bien. Ce mécanisme écarterait toute suspicion et permettrait peut-être à la profession de conserver “ses” SAFER. » Dans sa communication, la fédération nationale des SAFER (FNSAFER) précise avoir réalisé à l'ambiable 87 % des 13 520 acquisitions réalisées par elle en 2021, pour 109 400 ha (soit 21 % des surfaces accessibles à l'intervention des SAFER), avec 14 720 rétrocessions (pour 106 100 ha). Pour le groupe d'aménagement foncier, ces actions « contribuent à un aménagement durable de l’espace rural. Ces surfaces sont attribuées en lien avec les politiques publiques, en concertation avec l’ensemble des représentants du monde rural ».

Moraliser le système

Transmettant son projet aux syndicats et parlementaires agricoles, Sylviane Jaccoux d’Eyssautier se doute que ses propos ne laisseront pas insensibles, mais elle croit dans la pertinence de sa proposition. « Si on coupe le lien entre le gain et la décision de préemption, le système devrait se moraliser et permettre de construire une vraie politique foncière dont on a bien besoin » estime-t-elle. À noter que sa proposition législative s’inscrit en dehors du projet de loi d’avenir et d’orientation agricole. « Cette initiative est sans rapport avec une éventuelle loi qui sera comme d'habitude un conglomérat de mesures pour éviter au Ministère de faire un travail de fond » grince la militante

 
 

Le projet d’Agri Patrimoine

Réforme de l’intervention publique sur le marché foncier rural : suppression du droit de préemption des S.A.F.E.R.

À ce jour, tant :

- les démarches commerciales effectuées et revendiquées par les S.A.F.E.R. dans toutes les régions pour placer leurs services : démarchages à domicile, édition de luxueuses brochures, affichages sur les sites de vente, promotion et publicité en tous genres,

- le dérapage de leur activité qui s’incarne maintenant à 80 ou 90 % dans les « substitutions » qui échappent à tout contrôle et que les S.A.F.E.R. ne cherchent même pas à justifier autrement que par la quête de la « commission » en contrepartie de l’économie des droits d’enregistrement, de l’autorisation administrative d’exploiter quand elle est nécessaire, voire du financement,

- les dérives de certains de leurs responsables qui les gèrent comme un outil de leur promotion personnelle… et de leur patrimoine,

- la déclaration de principe affichée que « l’espace rural est un espace commun » (dépliant de la FNSAFER) qui ne nous paraît pas conduire à une participation bienveillante des propriétaires ruraux, que sont notamment les agriculteurs eux-mêmes, à la nécessaire gestion commune de la ruralité,

- les vives tensions qu’elles provoquent dans de nombreuses régions,

- l’amalgame croissant entre la gestion du foncier destiné à l’activité agricole et l’aménagement du territoire.

Rappellent l’urgence d’assainir le contrôle public de l’utilisation de l’espace rural en ôtant le droit de préemption à ces sociétés de droit privé à but en pratique lucratif (contrairement au mensonge affiché dans les textes), ce qui a du reste bien été mis en évidence par la Cour des Comptes.

Nous renouvelons donc notre proposition qui est la suivante :

On rappelle qu’on ne peut pas supprimer les SAFER par voie législative puisque ce sont des sociétés de droit privé qui ne peuvent disparaître que par la volonté de leurs associés.

De surcroît elles ont un patrimoine, des associés, des droits acquis ou conférés.

Nous avons constaté comme tous les acteurs du sujet que l’intervention de groupes professionnels consultatifs permet la création d’espaces de règlement de comptes, de passe-droit, et d’opacité dans la prise de décision.

Néanmoins, les agriculteurs, conscients de la spécificité de leur activité et de leur culture, ne veulent pas se passer d’une présence professionnelle dans la prise de décision.

Notre projet de réforme qui consiste à retirer le droit de préemption aux S.A.F.E.R. pour le transférer à l’autorité publique est le suivant :

 

Article 1.

Afin de permettre aux Sociétés d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural de remplir les missions qui leur sont confiées dans le cadre de l’article L.141-1-I du Code Rural, il leur est conféré un pouvoir d’initiative, d’instruction et de saisine du Conseil Départemental afin d’exercer un droit de préemption en leur nom et pour la réalisation de l’objectif défini à la décision de préemption.

Article 2.

Les articles L.141-1-II.2° et L.141-1-III.1°alinéa 2 du Code Rural sont abrogés.

 

Article 3.

Les articles L.143-1 à L.144-7 du Code Rural sont abrogés.

 

Article 4.

Les articles R.143-1, R.143-2, R.143-7, R.143-8, R.143-12 et R.143-14 du Code Rural sont abrogés.

 

Article 5.

L’article R.143-4 du Code Rural est ainsi rédigé la Société d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural est « autorisée à faire exercer ».

 

Article 6.

L’article R.143-6 du Code Rural est ainsi rédigé « le droit de préemption exercé pour le compte de la Société d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural ».

 

Article 7.

L’article R.143-10 du Code Rural est ainsi rédigé la Société d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural est « autorisée à faire exercer ».

 

Article 8.

Pour mener à bien les missions telles que spécifiées à l’article 1, le Président du Conseil Départemental dispose d’un droit de préemption qui s’exerce dans les conditions des articles L.213-1, exception faite du 3°, à L.213-9, et L.213-12 du Code de l’Urbanisme,

                           

 

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Tous les commentaires (16)
Noël 12 Le 15 mars 2023 à 06:19:02
Effectivement la Safer et son droit de préemption est parfois abusif mais dans certains cas peut se révéler utile Bien plus grave que la Safer est les autorisation d exploiter où un propriétaire n est plus en droit de choisir son locataire et de trouver sur ses terres des personnes dont il n à pas envie. Je rêvons pas la situation actuelle aura du mal à évoluer car si indirectement la FNSEA perd le monopole du foncier elle perd une partie de ces cotisants
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Philou85 Le 13 mars 2023 à 12:58:19
D?accord avec la plupart des commentaires comme quoi nous avons des mafieux et corrompus dans cet organisme qui devrait disparaître.
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Manu Le 13 mars 2023 à 12:14:46
Manu, Bonjour, copinage, favoritisme pour les élus. Il y a bien longtemps que le rôle de la Safer n'est plus d'installer des jeunes agriculteurs ou de conserver les terres agricoles. De grosses différences existent cependant d'un département à l'autre. Depuis qu'il n'ont plus le soutient financier de l'état. La Safer est une agence immobilière prête à tout pour faire du business avec des terres récupérées pour les copains de préférence élus locaux, ou propriétaires terriens prêts à leur donner des mandats de vente en retour. Il faut remettre du sérieux et du bon sens.
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Bernard Le 13 mars 2023 à 10:10:21
Bonjour. Je suis à la fois surpris mais finalement pas vraiment étonné. En effet à l'heure où la disparition des terres agricoles interpelle certains d'entre nous, et où nous voyons ici et là des mobilisations citoyennes lutter contre cette hérésie, compte tenu du risque de perdre notre souveraineté alimentaire. Il est de bonne aloi de ce demander qui sont ces personnes qui voudraient que les transactions concernant le foncier agricole soient décidé par une instance politique,les conseils de département, plutôt qu'une instance juridique les SAFER. Sachant qu'il y ait de grande chance, compte tenue de la continuité des politiques agricoles de nôtre pays que ce soit sans doute les mêmes,qui en rognant le budgets des SAFER ,les ont entraîné dans cette dérive que certains d'entre vous n'hésite pas à qualifié de mafieuse. Et qu'y de surcroît ces mêmes personnages n'ayant que faire de leur descendance et des générations futures, hésitent pas à faire du lobbying auprès des sénateurs pour les faire détricoter une loi , déjà bien maigre, "protégeant" les terres agricoles, d'un usage abusif. Comme le disait un commentaire les conseils techniques des SAFER sont des lieux ouverts, contrairement au conseils régionaux, où l'on peut assister mais sans rien dire. Si il y a du copinage, c'est plutôt entre gros propriétaires terriens, qui dit en passant sont la plaie de agriculture française et de sa biodiversité, qui font la pluie et le beau temps dans certaine région main dans la maiin avec les élus locaux. Et qui contrairement à ce qu'ils voudraient nous faire croire n' en nourrissent pas beaucoup d'entre nous.
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Gege Le 12 mars 2023 à 21:21:27
La SAFER ce sont des mafieux ! Ils s arrangent entre bons amis pour nous piquer nos terres. Il faut dissoudre
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Ricou Le 12 mars 2023 à 18:32:39
Safer égal mafia vous avez raison ce sont des voleurs
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Annie Le 12 mars 2023 à 08:53:01
Bonjour Je suis d accord avec vous. La safer une mafia sur les terres sans explications justifiant leurs tarifs.
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Carrier Le 11 mars 2023 à 23:01:17
Bonjour. Par expérience, le droit de préemption des safer est un monopole dangereux pour le maintien des exploitations et le respect des familles. Dans cette gestion du foncier il faut considérer la profession dans son ensemble: chambre d'agriculture, MSA ,syndicats La corruption au sommet commence au plancher et se relie avec la politique locale . Il y a un vrai problème social, éducatif, politique, juridique. Il y a beaucoup d'abus, de convoitise, d'atteinte à la vie privée, d'atteinte à l'unité familiale dans toute l'économie et forcément cela se retrouve dans l'agriculture et la réparation du foncier . Il serait bon de de sortir d'un système qui fonctionne de fait comme une mafia.
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JoHaul Le 11 mars 2023 à 21:59:28
Je viens d installer mon fils âge de 23 ans donc un JA. A ce jour la Safer va me reprendre 9ha pour les vendre et je n?ai pas le droit de présomption alors que j exploite ses terres depuis plus de 30 ans. Ses terres appartenaient à Tereos et plutôt que de me refaire un bail. Ces abrutis ont laissé la SAFER gérer. Cette société est mafieuse. Je me suis battu, ai pris un avocat pour m entendre dire qu ils ne peuvent rien faire. C est inadmissible et inacceptable d une profonde injustice. J installe un JA et on me reprend des terres. Comment expliquer le fonctionnement de cette SAFER pourrie et mafieuse
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Gayet Le 11 mars 2023 à 20:22:15
Bonjour chaque cas est particulier et doit être pris en considération les vignes de ma propriété sont arrachées car pas de repreneur et trop petite 6 ha donc pas assez pour un rendement minimal et la ville a poussé tout autour et les gens se plaignent des nuisances cette propriété date oui de 1642 dont ce sont bien ces nouveaux habitants qui sont venus construire ce grand terrain est maintenant en ville C est en Gironde terre de vignes !!! Merci
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Chey Le 11 mars 2023 à 12:19:59
Tout à fait d'accord avec Madame. La véritable. Jungle avec ceux qui ont les bras les plus long...et corruption au passage....
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Mym Le 11 mars 2023 à 11:01:46
Ce que cache cette intention n'est-il pas de grignoter des bois, forêts, terres agricoles au profit de la construction ? Notre Terre et notre écosystème n'est-il pas déjà assez en souffrance? Certe il y a peut être des axes d'amélioration mais je ne pense pas que cette proposition en soit un et soit désintéressée.
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Maxens Le 11 mars 2023 à 07:15:28
Les safers ne servent qu à privilégier les copains, enrichir ses salariés et surtout spolier les propriétaires. Supprimons les carrément, donnons un droit de premption aux communes pour des projets limités à l aménagement sans possibilité de retrocession, avec obligation d aménagement dans les 3 ans sous peine de voir le bien retourner gratuitement a son propriétaire d origine, (pour eviter les reserves inutiles), et tout le monde se portera mieux. Un propriétaire qui veut vendre n à besoin de personne, au pire il y a des agences immobilière pour cela
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Meder Le 10 mars 2023 à 12:31:00
N'importe quoi ! Le role de la SAFER est essentiel et dans ma région, elle l'assure très bien. Renforçons son role plutot que vouloir l'exploser
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Ben Le 10 mars 2023 à 12:29:35
Il est sur que quand on est gérante de 13 GFA et qui a fait sa carrière d'avocat avec l'argent des OPA et des agriculteurs, on peut cracher sur les professionnels qui s'investissent pour le bien commun. Il y a bien sur des choses à changer dans le fonctionnement des SAFER, mais rien ne sert de jeter le bébé avec l'eau du bain. En quoi les conseils départementaux réglerait les problèmes? Comme tout comité Je suis dans un CTD depuis 10 ans et témoigne de la pluralité des représentations et discussions. Nous sommes des hommes et des femmes avec nos défauts, venez siéger avec nous pour voir la réalité.
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Jpl Le 10 mars 2023 à 06:59:55
Oui car c.est devenu une escroquerie de la part de la safer
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