hilippe Mauguin, président-directeur général d’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) et Bernard Angelras, président de l’IFV (Institut Français de la vigne et du vin) ont signé ce 26 février au Salon international de l’agriculture la convention de création d’un laboratoire partenarial associé (LPA) basé en Alsace, à Colmar: le Vitivirobiome.
« Ce dispositif permet de mettre en commun les forces des deux organismes au service de la recherche sur les virus de la vigne » se félicitent-ils.
Les chercheurs ont déjà identifié plus de 90 virus touchant la vigne. Les plus connus sont ceux responsables de la maladie du court-noué et de l’enroulement. Plusieurs viroses émergentes doivent encore être appréhendées pour mieux les prévenir ou gérer les vignobles affectés. « C’est notamment le cas du virus du RedBlotch (GRBV) présent pour l’instant uniquement sur le territoire nord-américain et du virus du Pinot Gris (GPGV) identifié depuis 2012 dans plusieurs pays européens, en France en 2015 et depuis sur tous les continents » illustrent les partenaires.
L’Inrae et l’IFV imaginent par ailleurs que d’autres virus pourraient aussi avoir un rôle bénéfique sur la production. « Le LPA va permettre d’avancer sur la définition d’une vigne saine associée à un virome contribuant à sa santé » anticipent-ils.
Le LPA Vitivirobiome s’est doté d’un programme scientifique sur 5 ans (2023/2028) dédié à l’application des méthodes HTS (High Throughput sequencing, ou séquençage à haut débit), pouvant être utilisées entre autres comme nouvelles méthodes de détection des virus.
« Contrairement aux méthodes Elisa ou PCR, méthodes ciblées et uniques pour chaque virus, les HTS devraient potentiellement permettre de détecter l’ensemble des virus connus et inconnus d’un échantillon en une analyse et sans a priori ».
L’Inrae et l’IFV espèrent par exemple une amélioration du contrôle de la qualité sanitaire des plants dans le processus de prémultiplication et de diffusion. Leur travail portera aussi sur le développement de stratégies de lutte contre les dépérissements via la prémunition de la plante (se rapprochant d’une ‘vaccination’ de la vigne avec des virus atténués).
« Ce LPA nous donne les moyens d’accélérer les recherches sur la connaissance des virus qui touchent les vignes pour mettre au point in fine des résistances à ces pathogènes » salue Serge Kauffmann, président du Centre INRAE Grand-Est Colmar.
« La création de ce laboratoire à Colmar répond au besoin de la filière viticole en matière de qualité sanitaire des plants de vigne mais aussi contribue à la vigilance nécessaire sur l’émergence de nouvelles maladies, risque accentué par le changement climatique » explique Jean-Daniel Hering, président de l’IFV Pôle Alsace.