es produits phytosanitaires n’échappent pas à l’inflation. « Les viticulteurs doivent s’attendre à payer 15 à 20% plus cher en fonction des spécialités » pose David Rocamora, directeur opérationnel des approvisionnements pour la coopérative agricole Provence-Languedoc (groupe CAPL).
Des propos corroborés par Vincent Baills, chef marché pour les produits de protection des plantes du groupe Perret, officiant également principalement dans les vignobles du Sud-Est de la France. « Sur le marché VAM - vigne, arboriculture et maraîchage, NDLR - nous constatons en moyenne 17% de hausse ».
Les fabricants leur ont donné différentes explications pour justifier ces augmentations : la parité entre l’euro et le dollar, les répercussions sur les capacités de productions des crises covid en Asie, la hausse du coût de l’énergie, du gaz, celle du transport, celle des produits annexes tels que les bidons, les emballages, ou les étiquettes.
Ils mettent aussi en avant les pénuries sur certaines matières premières de base, comme le phosphore jaune, utilisé pour fabriquer d’autres matières actives. « Certaines sont mesurées avec un décalage de 18 à 24 mois, le temps nécessaire entre le début de leur fabrication et la commercialisation des produits finis aux viticulteurs, précise Vincent Baills. De ce fait, nous ne prenons vraiment conscience que maintenant des difficultés causées par la crise sanitaire ».
Ces arguments sont-ils valables ? « Ils sont en partie vérifiable, comme la perte de 22% de sa valeur de l’euro sur 2022, poursuit le chef de marché, conscient que d’autres sont surement plus spéculatifs. Certains fournisseurs ont très bien pu ajouter 3 ou 4% d’inflation à leurs tarifs pour améliorer leurs résultats dans un contexte économique tendu. Difficile de le vérifier ».
La facture est moins salée pour les herbicides que pour les fongicides et les insecticides. « Le marché des herbicides est plus restreint et à la baisse. Les viticulteurs reportent leurs achats sur du matériel de travail du sol » explique David Rocamora.
Son confrère Vincent Baills met également en avant le regain de disponibilité de certaines matières actives sur le marché des produits générique, un marché agressif très développé dans la catégorie des herbicides. « Les fournisseurs classiques ne peuvent plus passer autant de hausses ».
Qu’ils s’agissent de produits conventionnels ou de biocontrôle, tous les produits sont concernés par une augmentation de tarif dans la famille des anti-mildiou et oïdium. « Le soufre est encore plus touché que le cuivre, qui, après une grosse inflation en 2022, reste néanmoins sur des niveaux de marché haut » continue Vincent Baills.
Le millésime 2022 n’ayant pas été marqué par une grosse pression sanitaire, les viticulteurs ont encore du stock. « Il y a à la fois du stock en culture et en distribution. Certains viticulteurs ont 2 traitements d’avance, sachant qu’en 2022 ils n’en ont parfois fait que 3 ou 4. Sauf grosses attaques, nous devons nous attendre à une année calme au niveau des ventes » anticipe le chef de marché du groupe Perret. « Nous verrons comment se déroule le printemps, mais à pression égale je pense que nos adhérents achèteront moins que l’an passé » renchérit David Rocamora.