n fin d’année dernière, le Wine Market Council aux Etats-Unis a diffusé les résultats d’un sondage réalisé en ligne auprès de quelque 1 000 acheteurs de vins aux USA pour connaître leur perception quant à la mention des informations nutritionnelles et des ingrédients sur l’étiquetage des vins. Pour rappel, les Etats-Unis n’imposent ni l’une ni l’autre à l’heure actuelle, mais la parution en février 2022 d’un rapport commandité par l’administration Biden ainsi que l’évolution de la réglementation européenne interpellent la filière vitivinicole américaine sur ce sujet. En effet, le rapport sur la concurrence préconise la relance de la procédure réglementaire entamée sous l’égide du TTB dès 2005 qui pourrait entraîner la mise en œuvre d’un étiquetage obligatoire, à la fois pour les informations nutritionnelles et les ingrédients.
Depuis près de 20 ans, les metteurs en marché qui le souhaitent aux Etats-Unis peuvent faire figurer ces informations, auquel cas, ils doivent respecter différentes consignes. Si certaines entreprises ont décidé d’apposer des informations nutritionnelles sur l’étiquetage – sous forme de « Serving Facts » – peu d’entre elles affichent une liste des ingrédients tant le sujet est complexe, estime Jeannie Bremer, responsable de la conformité auprès du Wine Group. « Nous avons besoin de réponses avec des procédures d’étiquetage spécifiques », a-t-elle affirmé lors d’un webinaire organisé en décembre par le Wine Market Council. « Peut-être que certaines d’entre elles viendront des nouvelles règles dans l’Union européenne qui entrent en vigueur en décembre 2023 ».
C’est dire à quel point la filière américaine observe l’évolution de la situation en Europe, et craint que celle-ci ne fasse tache d’huile outre-Atlantique. Citant l’impact que pourrait avoir le rapport sur la concurrence sur cette question, Justin McGuirk, avocat au sein du Wine Institute, a confirmé que les décisions prises aux Etats-Unis « se font avec ce qui se passe dans l’UE en filigrane ». Confronté à la question des informations nutritionnelles, le Wine Institute propose à ses membres des outils qui permettent de limiter les coûts : « Le calculateur de l’Institut permet de définir les valeurs nutritionnelles. Ce type de base de données est autorisé et représente une bonne solution car les analyses en laboratoire peuvent coûter jusqu’à 200$ », met en garde Jeannie Bremer.
Au déjà des aspects pratiques, le Wine Market Council a cherché à savoir comment les consommateurs pourraient percevoir la mention d’informations nutritionnelles et des ingrédients sur les étiquettes de vins. Parmi les principales conclusions, il s’avère que 2 répondants sur 5 n’ayant pas vu de liste d’ingrédients sur une bouteille de vin estiment qu’elle devrait y figurer, contre un quart qui pense que ce serait inutile et le restant qui est indifférent. Parmi ces ingrédients, seul le SO2 était perçu de manière négative par une majorité de répondants, étant associé aux maux de tête. Pour ce qui est des informations nutritionnelles, environ un tiers des consommateurs n’en ayant jamais vu sur une bouteille de vin estime qu’il faudrait les faire apparaître, pour 42 % qui se déclarent indifférents et le restant qui estime qu’elles sont inutiles.
Point positif : seule une petite minorité des personnes interrogées (16 %) pensait que l’absence d’informations nutritionnelles et de liste d’ingrédients s’expliquait par le fait que le vin était moins bien sur le plan nutritionnel que d’autres boissons ou que les producteurs voulaient cacher quelque chose. Autre retour : la majorité des répondants trouve que les QR codes ne remplacent pas l’affichage des ingrédients et des informations nutritionnelles de manière très satisfaisante, même si les jeunes et les amateurs de vin leur sont plus ouverts. Néanmoins, les QR codes ont été reconnus comme étant plus répandus au Royaume-Uni et dans certains pays européens qu’aux Etats-Unis.
Globalement, le vin est perçu comme ayant beaucoup moins d’ingrédients, et de loin, que la bière, les cocktails prêts-à-boire ou les hard seltzers, et jouit d’une perception bien plus favorable sur le plan nutritionnel, sauf pour la teneur en sucre. Enfin, le sondage a montré que les consommateurs ont une perception très large de ce que constitue un ingrédient dans le vin, citant même le cépage. Pour les Américains, la manière dont l’Europe gère ces deux aspects de l’étiquetage sera passée à la loupe car, comme l’a affirmé Dale Stratton du Wine Market Council, « ces changements nous attendent aussi ».