essage aux pouvoirs publics : « il y a urgence à donner des réponses à une économie qui n’est pas en fin de course. Attention, s’il n’y a pas de réponses, il peut rapidement y avoir des mouvements que l’on ne pourra pas contrôler » prévient Ludovic Roux, le président des Vignerons Coopérateurs d’Occitanie. Impatient d’avoir des réponses du gouvernement (une rencontre est prévue entre les représentants nationaux de la filière et le ministre de l’Agriculture, ce 26 janvier), le viticulteur des Corbières alerte sur l’effet-ciseau de coûts de production explosifs (au minimum +20 % avec l’énergie, les matières sèches, etc.) et d’un marché qui s’annonce difficile ce début 2023 (« on a un prix du vrac en baisse, ce n’est pas la crise de 2004, les prix sont encore digestes » indique-til, notant que le repli concerne les vins AOP et IGP, avec « un grosse baisse sur le générique (de l’ordre de -15 %), une légère baisse sur le cœur de gamme et un maintien pour le haut de gamme »).
À titre principal, les caves coopératives d’Occitanie portent quatre demandes de soutien conjoncturel*. D’abord une distillation de crise : « des enquêtes sont en cours. Il y a un réel besoin de distillation. Mais il n’y aura pas de besoins énormes en termes de volumes. Il faut obtenir rapidement la distillation et assurer des prix qui ne fassent pas s’effondrer le marché » indique Ludovic Roux. Deuxième outil demandé : l’aide au stockage privé, qui doit bénéficier d’un soutien français pour être porté au niveau européen. Troisième levier réclamé, la mise en place d’une plantation différée : « le sujet est plus réglementaire que financier, il faut que cela avance » indique Ludovic Roux, ajoutant qu’en Occitanie, « nous sommes convaincus que l’arrachage définitif n’est pas une solution pour nous. Nous ne donnons pas de leçon, nous avons connu l’arrachage et nous estimons que ce n’est pas adapté pour notre bassin. » Dernière demande, celle d’aides pour la commercialisation à l’export : « la région nous a déjà beaucoup aidé pendant la crise covid, nous avons de nous besoin de soutien » rapporte le président des Vignerons Coopérateurs.


Restant confiant macro-économiquement (« sur notre région, le marché est plutôt équilibré sur les trois dernières années »), Ludovic Roux rapporte des difficultés individuelles : « il y a des situations assez dramatiques. Une minorité de caves coopératives a du mal à contractualiser ses vins 2022 et finit péniblement de vendre ses vins 2021. Certains caves commencent à avoir des problèmes de trésorerie, alors qu’il faut commencer à payer les acomptes de la nouvelle récolte et qu’il n’y a pas d’entrées. Il y a un risque que cela retombe sur les vignerons, qui ont déjà des dettes importantes après les différentes crises (covid, climatiques, économiques…). »
Pour le représentant languedocien, l’État doit aider à passer le cap du portage financier de la récolte 2022 : « ce ne sont pas des fonds perdus, c’est un investissement. Sinon tous les ans le territoire et la France perdront de l’argent et de l’activité économique. Ce serait un échec qu’une région qui a fait tant d’efforts subissent des faillites et doivent envisager de l’arrachage définitif dans quelques années. » Ludovic Roux ajoutant soulignant que « les vins d’Occitanie ont fait d’importants efforts pour développer l’export, pour s’adapter aux marchés sur les profils produits, pour être premiers sur la bio et sur la certification Haute Valeur Environnementale (HVE) ».
Sur ces deux derniers sujets, Ludovic Roux a également des demandes à porter. Le viticulteur des Corbières appelle les pouvoirs publics et le négoce à prendre leurs responsabilités pour maintenir marché bio qui tangue actuellement face à l’afflux de volumes : « on nous a demandé de faire du bio, on l’a fait. Il faut maintenant nous aider à passer le cap. Les prix ne doivent pas plus baisser. » Concernant la réforme de la certification HVE, il maintient sa demande de moratoire jusqu’à la fin 2024 pour éviter qu’il y ait deux référentiels qui se cumulent dans les structures coopératives, avec des difficultés techniques de suivi et des ruptures d’égalité : « nous avons besoin de temps, il ne peut pas y avoir dans une même structure une HVE à deux vitesses ».
Si Ludovic Roux n’espère pas avoir des réponses à toutes ces demandes courant janvier, il espère des avancées significatives sur nombre d’entre elles. Et surtout, pas de nouvelles commissions ou de futurs rapports, mais des actions fortes et immédiates : « il faut redonner espoir à nos vignerons » conclut Ludovic Roux.
* : Plus structurelle, une demande concerne la réglementation européenne des produits phytosanitaires, notamment la stratégie de la Ferme à la fourchette (Farm to Fork) et la directive sur l'utilisation durable des pesticides (SUD). « Que l’on améliore notre empreinte environnementale, bien sûr. Mais il ne faut pas de coupure nette. Quand il n’y a pas de substitution pour une matière active, les études montrent d’importantes difficultés. Nous avons besoin d’investissement, d’innovation et de formation » plaide Ludovic Roux.