omme dans un conte de fées, un prince s’est penché sur le berceau de l’association "les francs de pied : un héritage" : ce 22 novembre à l'Institut Océanographique de Monaco, le prince Albert II parrainait la soirée de lancement de l’organisation internationale de promotion des vignes non-greffées. Basée 1, rue des Genêts à Monaco, l’association ne va s’ouvrir aux adhésions qu’à partir de janvier 2023, mais recense déjà 191 membres potentiels indique sa directrice, Célia Calcagno. En Europe, il y aurait 900 vignerons possédant des parcelles de vignes non-greffées précise Loïc Pasquet, le président de l’association, connu dans la filière vin pour avoir créé le domaine Liber Pater : une proposition de vignoble en foule sans porte-greffe, aboutissant à la bouteille de vin la plus chère du monde (30 000 € le millésime 2015).
Souhaitant une association ouverte au maximum de domaines, le vigneron bordelais indique que la cotisation avoisinerait 100 €, notamment pour financer une certification des parcelles par test ADN des racines (pour vérifier sans contestation possible qu’il s’agit de Vitis vinifera et non d’un porte-greffe). Une fois validée, l’adhésion à l’association doit permettre l’usage d’un label "Francs de Pied". « On créé deux labels : "Francs de Pied" pour tous les vignobles non-greffés dans le monde et "Francs de Pied : héritage original" quand un cépage se trouve sur son terroir original en franc de pied » rapporte Loïc Pasquet, précisant que la plantation non-greffée est à réserver aux endroits sans risque de phylloxéra : « ceux qui jouent vont perdre quand les sols ne sont pas faits pour » prévient-il.
Alors que l’histoire de la vigne est marquée par le voyage des plants, la notion de lieu d’origine d’un cépage reste un sujet difficile à trancher avec certitude pour la communauté des ampélographes, y voyant souvent une approche théorique plus marketing que scientifique. Indiquant s’appuyer sur un conseil scientifique, Loïc Pasquet estime que la génétique et l’historique permettront de donner le label "Francs de Pieds : héritage originale" à des parcelles non-greffées de petite vidure à Bordeaux, d’assyrtiko à Santorin… Mais aussi chardonnay et pinot noir en Bourgogne et Champagne.


Avec cette approche du « respect du couple cépage et terroir d’origine », Loïc Pasquet veut promouvoir la sauvegarde de « vieilles espèces autochtones. On réintroduit de vieux cépages historiques et on sauve le goût du lieu. Il faut arrêter l’uniformisation du goût avec les mêmes cabernet sauvignon et fûts partout dans le monde. La vigne c’est plus que ça : 8 000 ans d’histoire et de culture ! »
Comme annoncé aux prémices de cette association, en 2021, le but final de la démarche est d’inscrire la culture de la vigne franche de pied au patrimoine immatériel de l’humanité. Un classement UNESCO qui pourrait prendre 7 à 10 ans selon Loïc Pasquet. Il n’y a plus qu’à transformer le conte de fées en compte de faits.
Le logo de l'association "les francs de pied : un héritage".