e nouveau ministre britannique des Finances, Jeremy Hunt, a certes apaisé les marchés financiers avec ses annonces budgétaires, mais il a suscité colère et indignation dans le secteur des boissons alcoolisées. « La décision par le nouveau ministre des Finances de supprimer le gel des droits d’accise sur l'alcool est extrêmement décevante », a affirmé Miles Beale, directeur de la Wine & Spirit Trade Association qui regroupe les opérateurs britanniques. « Il s'agit d'un nouveau revirement qui va perturber les entreprises britanniques de vins et spiritueux, soumises ces deux dernières années à une succession de crises ».
Le 23 septembre, jour où ont été publiées les réponses à la consultation lancée par le gouvernement britannique sur la mise en place d’un nouveau régime d’accises pour les boissons alcoolisées, l’ancien ministre des Finances Kwasi Kwarteng annonçait que les accises seraient gelées pendant une année supplémentaire ; le montant de cette taxe est revu chaque année pour tenir compte du taux d’inflation. Son successeur a désormais décidé de faire machine arrière. « Tous les droits d’accise seront donc augmentés en février 2023, probablement en fonction de l'inflation, mais nous ne saurons précisément dans quelle mesure qu’au cours des prochaines semaines », précise la WSTA, avant d’ajouter : « Le vin sera le plus touché, car il subira la hausse des droits d’accise, quelle qu'elle soit, puis, à partir d'août 2023, il devra se conformer au nouveau système de droits sur les boissons alcoolisées. Cela entraînera des coûts administratifs considérables, en plus de la hausse des droits puisque l’alcool sera taxé en fonction de sa teneur en alcool et le vin passera de deux à 27 tranches d’imposition ».


La décision de revoir le système de calcul des accises date de 2020 et s’inscrit dans le cadre du Brexit, avec son fameux slogan de « reprise de contrôle » des dispositifs gérés par Bruxelles. Les vins tranquilles doivent bénéficier d’une période de transition d’une durée de dix-huit mois dès le 1er août 2023 : tous les vins issus de raisins frais titrant entre 11,5% et 14,5% seront initialement taxés au niveau intermédiaire de 12,5% d’alcool. En revanche, les vins fortifiés ne bénéficient pas de cette transition, ce qui entraînera, selon le secteur concerné, une hausse d’environ 1£ (soit 1,15 euro) sur une bouteille de porto, xérès ou autre madère. Mais, même pour les vins tranquilles titrant jusqu’à 14,5%, le nouveau système de calcul engendrera de nombreuses contraintes bureaucratiques : « Depuis des mois, la WSTA demande la mise en place d’un système plus simple pour la taxation des vins qui diminuerait la charge administrative très coûteuse », s’est insurgé Miles Beale lors de la publication des réponses à la consultation gouvernementale fin septembre. « Nous avons besoin d'un moyen permanent et simple de taxer le vin, la boisson alcoolisée la plus appréciée au Royaume-Uni. Une période transitoire de 18 mois ne résout pas le problème et ne s'applique pas à tous les vins ».
Dans l’immédiat, la décision d’augmenter les droits d’accise en février prochain ne fera qu’aggraver une situation parfois critique pour certaines entreprises britanniques, notamment celles du secteur CHR malmenées par les mesures prises dans le cadre du Covid-19 et désormais par la crise énergétique. De plus, comme le rappelle le directeur de la WSTA, « la chute de la livre sterling va entraîner une hausse des prix pour les consommateurs et menacer des centaines d'emplois britanniques dans les installations d'embouteillage. Si l'on ajoute à cela la flambée des prix du verre, les problèmes de la chaîne logistique, l'augmentation des coûts de production et les pressions inflationnistes, il est difficile d'éviter le tsunami d'augmentation des coûts qui nous attend ». Rappelons que le taux d’inflation au Royaume-Uni s’est élevé à 9,9 % en septembre et pourrait atteindre 11 % ce mois-ci, d’après les prévisions de la Banque d’Angleterre.