près avoir fait machine arrière sur le formulaire VI-1 en 2021, les autorités britanniques pourraient reporter une autre obligation prévue suite au Brexit, à savoir l’identification de l’importateur britannique sur l’étiquetage des bouteilles de vins et spiritueux. Jusqu’à présent, cette obligation ne concernait que les produits importés de pays situés en dehors de l’Union européenne. Dès le 1er octobre 2022, suite à une période de grâce accordée par les autorités britanniques (la mesure devait entrer en vigueur au 1er janvier 2021), les exportateurs européens devaient s’assurer que les coordonnées de leur importateur britannique paraissaient sur chaque étiquette. Une mesure dont le coût unitaire est estimée par la Wine & Spirit Trade Association entre 5 et 50 pence (soit entre 6 et 60 centimes), « en fonction des volumes, du modèle d’entreprise et du niveau de maîtrise de la chaîne d’approvisionnement ».
Cet éventuel report – qui fait suite à une brève période de consultation close au 30 août – arriverait sans doute trop tard pour bon nombre d’exportateurs. « Beaucoup de sociétés ont réalisé un travail considérable en amont pour être en conformité à la date du 1er octobre (et le mois de mai 2023 dans le cas de certains vins) », affirme une porte-parole de la WSTA. « Ce changement tardif a entraîné des modifications et coûts de mise en conformité très significatifs, sachant que les règles pourraient encore changer ». Mais selon l’association, le coût de la mesure n’est pas le seul enjeu : « Une grande partie de ces efforts ont été consentis par les producteurs de l’Union européenne… et ce report tardif des modifications va freiner le commerce international. De même, il va encore compliquer la tâche des régulateurs quant à un aspect de l’étiquetage qui est déjà difficile à gérer ». Il est probable que les plus gros importateurs et les opérateurs qui mettent en bouteilles des vins destinés à la grande distribution se seront déjà mis en conformité. En revanche, la WSTA estime que « les plus petits importateurs, grossistes et détaillants, qui sélectionnent des vins provenant d’un grand éventail de petits producteurs, seront peut-être moins avancés dans le processus de préparation des modifications d’étiquetage ».
Cette nouvelle obligation est perçue par les opérateurs britanniques comme une barrière non-tarifaire. « Un étiquetage spécifique au Royaume-Uni constitue une barrière commerciale, non seulement pour les vins non étiquetés entrant sur le marché britannique, mais aussi pour les vins réexpédiés vers des pays tiers comme l'UE, qui devront être ré-étiquetés pour se conformer aux règles du Royaume-Uni/du marché unique », note la plateforme Liv-ex. « Cette obligation crée de nouvelles difficultés et des coûts considérables pour les marchands de grands vins basés au Royaume-Uni, qui devront vérifier, retirer et remplacer les étiquettes pour s'assurer qu'elles sont conformes aux règles du marché de destination ». La plateforme craint que ces nouvelles exigences puissent « sérieusement entraver sa capacité à revendre ces vins sur le marché secondaire ». Mettant en garde contre la possibilité d’une modification ultérieure des règles, Liv-ex estime qu’il serait « prudent d'attendre et de n'étiqueter les vins qu'après leur mise en circulation générale ».
De son côté, la WSTA espère que le gouvernement « profitera de cette occasion pour modifier les règles actuelles, qui ne sont pas pratiques pour le secteur, et veiller à ce que des orientations claires soient présentées suffisamment à l'avance. Il est impératif que la filière dispose d'un maximum de temps pour se préparer aux changements et ainsi réduire les coûts au minimum ».