Le millésime en Bergerac se présente bien, même s’il est un peu précoce » estime François Ballouhey, conseiller viticole à la Chambre d’Agriculture de la Dordogne (CA24). Et de rappeler que les raisins sont sains et de bonne qualité. Il n’y a pas d’alerte sanitaire. La troisième génération de vers de grappe s’est calmée. Le hic ? Les rendements seront moindres. Ils n’atteindront pas les habituels 50 à 60 hectolitres par hectares.
Au domaine de Siorac, à Saint-Aubin-de-Cadelech (30 ha, en Bio, AOC Bergerac et Côtes de Bergerac), Muriel Landat-Pradeaux n’est pas inquiète : la qualité est au rendez-vous. Les vendanges ont démarré le 29 aout, avec une semaine d’avance. Les blancs et rosés ont été ramassés. Pour les rouges, la date est fixée au 15 septembre.


Mais avec les épisodes de gel, de grêle, la canicule, le déficit d’eau en juillet, la vigne a souffert, même si les pluies de mi-aout ont été bénéfiques. Résultat : la vigne stressée, donne de petites baies. « Du coup les vins seront plus concentrés. Heureusement nous pourrons faire des assemblages » note-t-elle.
Face à la baisse des rendements (autour de 40 à 45 hectos contre 55 habituellement), Muriel Landat-Pradeaux a fait des choix stratégiques : « Nous allons élaborer moins de moelleux en divisant le volume par deux pour privilégier le blanc sec. Idem pour les rouges, nous ferons moins de volumes » indique-t-elle. Pas d’affolement. Elle sait qu’elle peut « taper » dans ses stocks. Domaine Siorac peut se prévaloir d’un an de stock en moelleux et d’un an et demi en rouge.
Au château Terre Vieille, à Saint-Sauveur, (14 ha, AOC Pécharmant), Pierre Morand-Monteil, lui aussi, peut tabler sur son stock de rouge en Pécharmant, sauf qu’il fond comme neige au soleil. « Si je vis une autre année comme celle-ci, je n’aurai plus rien à vendre » confie-t-il. De fait, la propriété a subi le gel en mars, la grêle début juin (50 % de perte), la sécheresse en juillet « avec le vignoble qui jaunit et le blocage des maturités ». Pour ne rien arranger, les chevreuils qui ne trouvent pas d’eau se sont invités dans les vignes pour manger les raisins. Au final, la vendange qui va démarrer le 20 septembre prochain, devrait être très maigre. En attendant Pierre Morand-Monteil observe ses raisins : « ils sont propres, sains. Mais ils ne sont pas compacts. Il n’y a pas de jus » lâche-t-il.