a campagne s’est achevée le 31 juillet mais le conseil interprofessionnel des vins du Languedoc (CIVL) ne dispose pas encore de l’ensemble des données consolidées pour tirer un bilan ferme mais la tendance ne devrait pas varier outre-mesure. « En AOP comme en IGP de territoire ou de département, Il y a eu moins d’échanges de vrac enregistrés en volume, mais les cours sont remontés », résume sobrement Christophe Jammes, responsable du service économie et études du CIVL.
A la clôture de la campagne au 31 juillet 2022, le prix moyen de l’appellation régionale Languedoc toutes couleurs confondues (142€/hl) a ainsi augmenté de 7% (+ 9€ /hl) par rapport à l’année précédente, quand les volumes contractualisés ont diminué de 18% (-40000 hl). Toutes appellations et toutes couleurs confondues, ce prix moyen a même augmenté de 11 €/hl (+8%, à 154,7 €/hl), pour une baisse de volume du même ordre de grandeur (-18%, soit -100000 hl).
Les explications ne sont pour l’heure pas certaines mais il semblerait bien que les hausses de prix discutées en amont de la campagne entre négoce et production aient généré une baisse de contractualisation. « C’est difficile de relever une raison en particulier, sachant que cette campagne a été fortement marquée par les tensions mondiales qui ont fait augmenter tous les prix de matières premières. Ce qui a nécessairement compliqué la tâche des metteurs en marché », relève encore Christophe Jammes.
Cette dynamique de mise en marché est également marquée par un marqueur de transition fort dans l’échelle des valorisations. « Les chiffres de vente des AOC Languedoc rouge par tranche de prix en grande distribution (GD) révèle une tendance que l’on voit venir depuis plusieurs années : les segments des bouteilles d’AOC rouges vendues plus de 5€ sont les seuls en progression », appuie Christophe Jammes. Le segment des vins vendus entre 5 et 7€/bouteille est en effet devenu celui qui représente le volume le plus important des ventes d’AOC du Languedoc rouges en GD, le seul en progression avec la tranche supérieure de ceux qui sont vendus plus de 7€. Les segments de ces vins vendus à plus de 5€/bouteille génère aujourd’hui atteint aujourd’hui la moitié des volumes d’AOC du Languedoc rouges vendus en GD.
« Comme pour la hausse de valorisation des vracs, il y a des AOP qui sont très bien valorisées, comme Pic Saint-Loup, Terrasses du Larzac ou La Clape, qui contribuent à cette dynamique sur la moyenne des prix et la répartition des volumes par segment », précise encore le responsable du service économie et études du CIVL. Le segment inférieur à 5€/bouteille poursuit en revanche sa baisse et confirme la difficulté des AOC rouges du Languedoc qui ne parviennent pas à être positionnées dans des valorisations supérieures.
Dans le bassin languedocien, la hausse des prix du vrac est autant valable pour les AOP que pour les IGP de département et de territoire (elles aussi rattachées à l’interprofession languedocienne). La baisse de volume contractualisés pour ces IGP est intimement liée à des arbitrages de la part de production, qui a privilégié l’attribution prioritaire des volumes d’IGP en vins de pays d’Oc.
Les stocks ont baissé pour l’ensemble des catégories, inférieurs à 7 mois en fin de campagne pour les IGP de département et de territoire. « Le changement de millésime se fera donc très rapidement, dès le mois de janvier, et les stocks n’atteignent que 14 mois en AOC, le niveau le plus bas depuis 2018, ce qui n’est pas une mauvaise chose pour les cours car on ne devrait a priori pas avoir de surdisponibilité avec la récolte qui vient au regard des conditions climatiques de cette saison », avise Christophe Jammes.
Les sorties de chais pour la campagne traduisent une certaine stabilité pour les AOC rouges, un maintien de la progression des volumes d’AOC blancs, mais un léger retrait pour les AOC rosés. « Le rosé a un peu moins tiré lors de cette campagne mais nous devons considérer le maintien des beaux jours et de la chaleur en août et peut-être en septembre, qui génèreront un maintien des sorties de rosés. Il faudra faire le bilan un peu plus tard », tempère Christophe Jammes.
Alors que les campagnes marquées par des aléas climatiques affectant le potentiel de production se succèdent, la commercialisation couvre ce qui est produit dans le bassin languedocien. Une année abondante pourrait néanmoins perturber cet équilibre, la vigilance reste donc de mise, même si la perspective d’une année sans aléa semble progressivement s’éloigner au regard de l’évolution du climat.