a filière vin va devoir changer de disque : le "moins, mais mieux" qui résume depuis des années l’évolution de la consommation française de vin n’est plus d'actualité. Place au "moins, mais… moins". Ce premier semestre 2022, les achats de vin en grande distribution perdent non seulement en volume, mais aussi en valorisation : moins de bouteilles, et moins de vins d’appellation, moins de vins certifiés bio, moins de vins de Champagne… Les rayons de vin marquent le pas après la bouffée d’oxygène de la crise covid (et la fermeture des terrasses et restaurants), le pouvoir d’achat en berne de consommateurs français poussant aux économies (y compris sur les ventes hors domicile). La spirale de déconsommation reprend, accentuée sur les vins rouges et n’épargnant pas la demande des vins rosés et blancs (dont l’offre est également touchée par les pénuries de bouteilles transparentes et le manque de disponibilité du petit millésime 2021). De quoi créer le débat, entre ceux critiquant le manque d’accompagnement à la vente de la grande distribution et ceux répondant que l’on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif.
Ayant déjà subi de trop nombreuses déconvenues économiques, climatiques et géopolitiques ces dernières années, la filière vin affronte de nouvelles difficultés commerciales. Alors que le résultat des prochaines Foires Aux Vins d’automne est incertain, la perspective d’une forte demande sur les petits prix va compromettre les leviers d’augmentation tarifaires de la filière pour le prochain millésime. Démarrant dans les vignobles précoces, la vendange 2022 a déjà coûté cher à produire (flambée des prix du GNR, des engrais, des piquets…) et les vinifications vont poursuivre sur la même lancée (en coûts énergétiques notamment) : toutes les factures en témoignent, mais cela suffira-t-il à négocier des revalorisations substantielles auprès de la GD ?
Pour ne pas voir les coûts de production s’envoler, l’espoir de nombreux vignobles est désormais d’atteindre des rendements corrects : rien n’est moins sûr avec le manque d’eau actuel. Les sorties qui s’annonçaient généreuses semblent désormais bien maigres. De quoi mettre l’irrigation au centre des demandes du vignoble afin de préserver sa pérennité et sa compétitivité. Pour changer de disque et qu’ils ne produisent plus "moins, mais moins", mais "plus, et mieux".