vec les derniers aléas climatiques (gel, grêle, canicule…), le vignoble demande la finalisation de la réforme de l’assurance récolte. La nouvelle assurance récolte pourra-t-elle être mise en œuvre au 1er janvier 2023 ? Quels sont les leviers d’adaptation de la moyenne olympique, avec les exemples de l’Espagne et des États-Unis qui l’ont adaptée à leurs situations ?
Marc Fesneau : Dès mes premiers jours à la tête du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, j’ai bien mesuré l’urgence de finaliser la réforme de l’assurance récolte, après, je le rappelle, le vote de la loi en mars 2022. Auprès de viticulteurs girondins frappés par les épisodes de grêle début juin, j’ai entendu la détresse et surtout l’inquiétude quant à la pérennité de certaines exploitations. Car l’enjeu est bien là : garantir une indemnisation des pertes liées aux aléas climatiques exceptionnels à nos agriculteurs c’est garantir le maintien de l’activité et, à plus long terme, l’attractivité du métier d’agriculteur.
Cette réforme est donc une réforme d’avenir pour celles et ceux qui vont s’installer demain et qui seront les acteurs de notre souveraineté alimentaire. Je suis pleinement déterminé à la faire aboutir dans les temps impartis et l’ensemble des parties prenantes est mobilisé en ce sens.
Le dispositif doit être opérationnel et accessible aux agriculteurs dès janvier 2023. Un long travail de consultation est en cours et doit se finaliser pour régler les modalités techniques. Si celui-ci doit avoir lieu, nous ne devons pas nous y enfermer et perdre de vue l’objectif de 2023 pour nos agriculteurs. C’est ma priorité. Concernant la moyenne olympique, c’est un point qui ne peut être adressé dans le cadre de la réforme mais bien au niveau de l’Union Européenne. Un temps plus long est donc nécessaire pour le traiter au niveau multilatéral, mais il ne doit pas nous empêcher de mettre en œuvre cette réforme essentielle.
J’entends pleinement les difficultés et je suis déjà à l’œuvre avec les professionnels de la filière. Je les ai rencontrés à plusieurs reprises ces deux derniers mois et nous travaillons ensemble. Le gouvernement a toujours été aux côtés des viticulteurs et nous continuerons de l’être afin de relever ensemble les défis qui se présentent.
Je pense d’abord aux défis conjoncturels comme la crise de la Covid où nous avons déployé un plan de plus de 269 millions d’euros pour les viticulteurs et l’ensemble de la filière en complément d’une exonération des cotisations sociales. Mais, dans un temps plus long, nous devons aussi accompagner les filières face aux multiples défis et notamment ceux du changement climatique. Je tiens ici à saluer tout le travail mené par la filière pour l’établissement d’une stratégie d’adaptation en lien avec les instituts techniques dans la dynamique du Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique. Je suis un pragmatique et je crois pleinement en cette méthode de travail où on identifie un défi, les solutions pour y répondre, les moyens nécessaires et le calendrier pour y parvenir. Sur ce dernier point, vous savez que le gouvernement a été au rendez-vous avec France Relance et continuera de l’être avec France 2030 car l’innovation est au cœur de cette transition et de cette nécessaire adaptabilité.
Face à tous ces défis, c’est donc un message d’espoir que je vois pour nos filières viticoles, ancrées dans nos territoires et parties intégrantes de notre patrimoine historique et culturel, dont certaines (déjà trois d’entre elles) sont inscrites au patrimoine mondial de l’humanité. Nous sommes pleinement à leurs côtés pour construire l’avenir des métiers de la vigne en s’appuyant sur leur richesse, leur diversité et leur excellence reconnues de tous.
Le député Éric Girardin a rendu avant les élections présidentielles un rapport sur la facilitation de la transmission familiale des domaines viticoles : est-ce un texte que vous souhaitez soutenir devant le parlement pour que ses propositions se concrétisent ?
La question de l’attractivité des filières viticoles, et plus largement des filières agricoles est absolument centrale. Nous sommes face aux défis du renouvellement des générations avec plus de la moitié des chefs d’exploitations qui sera en âge de partir à la retraite d’ici une dizaine d’années. Il y a donc urgence à agir et à activer l’ensemble des leviers qui doivent nous permettre d’attirer de nouveaux talents et notamment le levier de la transmission. C’est bien en partant de ce constat que le Président de la République a annoncé une loi d’orientation et d’avenir pour notre monde agricole, pour ces femmes et ces hommes qui ont fait le choix de s’engager pour notre agriculture. La tâche est majeure et je commencerai dès cet automne les consultations avec l’ensemble des parties prenantes pour construire des mesures efficaces et effectives. Bien sûr, nous ne partons pas d’une feuille blanche et je tiens à saluer tout le travail déjà mené notamment par les parlementaires. A nous maintenant de le consolider et de l’enrichir avec comme objectif une présentation du texte dès 2023.