n matière d’irrigation des champs français, « il faut du concret » déclarent en cœur la secrétaire d’État chargée de l’Écologie, Bérangère Couillard, et le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, tous deux en visite ce samedi 16 juillet en Charente sur l’exploitation bovine de Jean-Bernard Sallat (à Saint Germain de Montbron, en Charente). « La vérité, c’est que je ne connais pas de territoire où sans accès à l’eau, l’agriculture puisse se maintenir : l’élevage, parfois le maraîchage, parfois l’arboriculture, parfois même la vigne et parfois les grandes cultures » précise à la presse Marc Fesneau, soulignant que ces apports en eau peuvent passer par « des bassines ou autres types d’équipements. Pas besoin de se bloquer sur le sujet. Simplement, la question c’est la gestion raisonnée de la ressource. C’est ce que veulent faire les agriculteurs au fond, dans une situation où ils peuvent avoir la maîtrise et dans le même temps dans le dialogue [avec la société civile] pour une gestion raisonnée. »
Une approche dépassionnée qui fait face aux inquiétudes et besoins urgents du milieu agricole. Premier vice-président de la Fédération Départementale des Syndicats Exploitations Agricoles (FDSEA 16), Jean-Bernard Sallat témoigne des besoins en eau bien concrets d’une exploitation agricole pendant ce chaud été 2022. Avec 110 vaches blondes d’Aquitaines et limousines (produisant 35 tonnes de viande par an) et 180 hectares de céréales pour leur alimentation (dont 10 ha de maïs irrigué), l’éleveur charentais rappelle que « pour engraisser, il faut du maïs », mais constate qu’« aujourd’hui je ne suis pas sûr d’avoir suffisamment d’alimentation, il manque un mois de stock ». Ayant planté du maïs sans irrigation, il craint que les coups de chaud passés et à venir réduisent à néant cette récolte complémentaire.


Allant optimiser sa ressource en alimentation (en produisant du sorgho) et son cheptel (avec une descente à 100 têtes), Jean-Bernard Sallat note qu’il est « aujourd’hui compliqué de faire [cette] gymnastique, parce que les marges de manœuvre ne sont pas là (notamment avec une faible rémunération). » Président de la Chambre d’Agriculture de Charente, Christian Daniau souligne qu’une fois le constat partagé, il faut des solutions rapides : « on sait que les exploitations qui ont accès à l’eau peuvent continuer de travailler et sont transmissibles. Des dossiers de stockage sont bloqués depuis longtemps : après le Varenne, il faut des actions. »
Appelant à trouver des solutions concrètes, le ministre de l’Agriculture reconnaît qu’« un certain nombre de travaux ont été faits, des discussions ont été menées. Maintenant il faut passer aux solutions concrètes. On est sur une année particulièrement sévère en termes de sécheresse » au niveau national (72 des 101 départements français imposent des mesures de restriction d’accès à l’eau par arrêté préfectoral). Pour Marc Fesneau, « c’est une question de gestion raisonnée avec une arythmie des précipitations en France : ça tombe beaucoup, puis ça s’arrête pendant très longtemps. Il faut que l’on puisse prélever la partie un peu supplémentaire qui arrive dans ce moment où il y en a plus que d’habitude pour pouvoir passer les périodes de disette. » Des annonces semblant s’appuyer sur une volonté politique d’avancer sur le dossier épineux de l’irrigation agricole et retenues collinaires.


Ayant participé ce vendredi 15 juillet au comité national sécheresse pour le monde agricole, les deux ministres annoncent dans un communiqué vouloir « mettre en œuvre des mesures plus structurelles pour accroître la résilience du monde agricole face à ces épisodes climatiques en lien avec le Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique ». Affichant sa confiance dans la concrétisation de cette vision politique, Marc Fesneau estime qu’il faut « faire en sorte l’on fasse comprendre à chacun que sans eau il n’y a pas d’agriculture » et qu’« il faut poser les besoins des uns et des autres. L’agriculture a besoin d’eau. Une fois que l’on est d’accord là-dessus. Il semble que l’immense majorité de nos concitoyens sont d’accord là-dessus, parce que c’est ce qu’ils vivent chez eux d’une certaine façon. »
Son idée étant de « sortir des postures, reconnaissons-le très minoritaires. Il y a besoin de dialogue, c’est ce que font les agriculteurs depuis des années pour montrer leurs besoins et monter des ouvrages maintenant c’est plutôt de passer à l’action. » Le ministre pourra s’appuyer sur le récent rapport du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) sur l’impact plutôt positif des réserves d’eau, comme le rapporte la France Agricole.