es oreilles des verriers ont dû siffler ce lundi 20 juin à Bordeaux, alors que fusaient lors du symposium Act for change les analyses indiquant en creux que les matériaux alternatifs étaient plus durables. Se basant sur une étude de 9 215 consommateurs de 10 marchés export (Allemagne, Australie, Brésil, Canada, États-Unis, Irlande, Nouvelle-Zélande, Portugal, Royaume-Uni et Suède), Lulie Halstead, la directrice Wine Intelligence IWSR, notait ainsi que « 59 % des consommateurs estiment que les bouteilles en verre sont durables (je pense que c’est ancré dans l’esprit des consommateurs parce qu’ils recyclent les bouteilles de verre. S’il y a une action physique, cela marque plus que des mots) et 37 % seulement pensent que les BIB sont durables : il y a toujours du travail ! »
Pour leur faire adopter de nouveaux contenants, « le défi est de convertir les consommateurs. [Avec des arguments de développement durable :] 39 % de l’empreinte carbone d’un vin vient de son emballage en verre » indique Rob Malin, le fondateur de la marque de vins italiens When In Rome, qui développe des vins en emballages plus durables : majoritairement des BIB, ainsi que des canettes et des… bouteilles en papier. Concrètement, « des BIB en forme de bouteille, avec un extérieur en papier et un film plastique à l’intérieur. Ce n’est pas du greenwashing : on divise par six l’empreinte carbone et c’est le même prix qu’une bouteille en verre » argumente Rob Malin.
Encore plus circulaire, la distillerie East London Company propose à ses consommateurs de venir avec n’importe quelle bouteille de spiritueux 70 cl pour la reremplir avec son gin, « tant que la bouteille est propre » note James Law, directeur de marque et de développement du producteur de spiritueux, qui met ensuite son étiquette par-dessus. Jouant pour ses grands crus de Bordeaux sur l’allégement du poids des bouteilles en verre, Damien Barton Sartorius, le co-gérant de Barton Family Wines, note que l’on ne peut pas aller trop loin dans la réduction du poids sans risquer une désaffection des consommateurs. D’où le développement d’une offre parallèle : le remplissage de bouteilles consignée par du vin en vrac directement à l’export, avec l’appui d’un distributeur anglais. Partisan de modèles standardisés, Damien Barton Sartorius, réduit tout le suremballage possible, se passant de capsules, caisses en bois…
« Le vin est le bien le plus suremballé au monde » tranche Rob Malin, qui reconnaît qu’il est ardu d’embarquer les consommateurs. Pour sa bouteille en papier, « dans les commentaires d’utilisateurs on indique toujours "considérant que le vin est en bouteille de papier…". Nous aurons réussi quand ce ne sera plus un sujet » indique Rob Malin, qui note des essais infructueux de ventes de vin en PET : « les consommateurs ont du mal, malgré la prouesse technique ». Dans le milieu du vin, il peut être « difficile de changer les habitudes » confirme Damien Barton Sartorius, relevant le cas de la capsule à vis, présente depuis longtemps sur le marché français, sans avoir su rentrer dans les mœurs.