On estime que 40 à 100 % des bourgeons sont touchés à Yamhill-Carlton ». Thibault Gagey, directeur adjoint de la maison beaunoise Louis Jadot, craint de perdre une grande partie de la récolte de ses propriétés américaines.
Les 14 et 15 avril, le gel a frappé les 56 hectares de la maison, répartis dans différentes vallée de l’Oregon. Ces deux nuits, « un front froid a abaissé la température à -2°C, voire -3°C ». Le tout « juste après des chutes de neige, rendant les conditions particulièrement humides ».
Le vignoble de l’Oregon serait atteint dans son ensemble, hormis quelques zones d’altitude. « Notre parcelle la plus haute, dans le vignoble d’Eola-Amity, a relativement peu souffert, comparé à nos parcelles des Dundee Hills et de Yamhill-Carlton », indique Thibault Gagey. Même constatation du côté de la maison Joseph Drouhin (Beaune), propriétaire de deux domaines en Oregon. « Il est encore un peu tôt pour avoir une idée juste des dégâts, mais il semble que nos vignes de Roserock, dans les Eola-Amity Hills, soient moins touchées que celles des Dundee Hills.» Là bas, « on parle de 80% de perte dans le bas des rangs ».
Pinot noir comme chardonnay - cépages majoritaires dans cet État - ont été touchés, alors que « le débourrement venait d’avoir lieu », regrette Véronique Drouhin.
Principale source d’espoir : « les contre-bourgeons qui, a priori, n’ont pas été affectés».
Pas de moyens de lutte
Jean-Nicolas Meo du domaine Meo-Camuzet, constate aussi « des dégâts inégaux » en Oregon. « Certains de nos fournisseurs de raisins nous disent qu’ils ne sont pas touchés. Mais l’ampleur semble tout de même très importante », rapporte le vigneron de Vosne-Romanée, qui s’attend à « 60 à 80 % de bourgeons atteints » dans sa vigne de Bishop Creek, située en appellation Yamhill-Carlton.
Certains propriétaires qui vendent uniquement en raisins « dépriment complètement, ils disent que cela ne vaut pas la peine de cultiver sa vigne s’ils n’ont pas de récolte ». En effet, la vendange est très souvent sous-traitée et « ils ne pourront pas payer le prestataire ». Contrairement à la Bourgogne, l’Oregon subit rarement de tels épisodes. «D’après les viticulteurs locaux, c’est du jamais-vu depuis mai 1985 », relate Thibault Gagey. Des exploitants qui n’ont pas l’habitude des comptages et « ne possèdent, pour la grande majorité d’entre eux, aucun moyen de lutte ».
La Californie également touchée Dans le vignoble californien, le gel de la mi-avril a également frappé, avec des conséquences plus disparates, annonce la presse anglo-saxonne, qui évoque des dégâts dans les vignobles de Lodi et de Sierra Foothills.




