n 2021 Corteva Agriscience a réalisé un chiffre d’affaires de 240 millions d’euros en France. 40 % de ce chiffre émane des semences, 60 % des solutions de protection des cultures. Et aujourd’hui sa stratégie de développement porte sur les produits de biocontrôle, les produits d’origine naturelle et les biostimulants en complément des solutions conventionnelles. « A l’horizon 2026, notre objectif est d’avoir 30 % de notre chiffre d’affaire France avec des solutions « Biologicals » (que ce soit pour les semences et pour la protection des plantes)», a expliqué Alain Pescay, directeur marketing Corteva France, le 23 mars à Paris lors d’une conférence de presse. Pour cela, Corteva mise sur plusieurs innovations qu’elle développe au sein de sa plateforme "Biologicals".
Pour la vigne, cela se traduit par la mise en avant de Fycilia, un insecticide d’origine naturelle à base de Qalcova active (spinosad) qui permet de lutter contre les vers de la grappe et cryptoblabes. Et aussi par le lancement pour la campagne 2023 d’Enrapta vigne pour lutter contre l’eudémis. Il s’agit d’une nouvelle solution de lutte par confusion sexuelle dans laquelle la phéromone est microencapsulée dans une matrice naturelle à base de cire et d’eau. Cette cire s’applique par spot directement sur les ceps de vigne à l’aide pistolet applicateur à raison de 500 spots/ha. Et pour 2024, elle devrait lancer une solution similaire contre la cochylis.
Les avantages ? Au moment de la pose, l’opérateur n’est pas en contact direct avec la phéromone et il n’y a pas d’odeur, car la phéromone commence à se diffuser une fois que la cire est sèche. « La pose est rapide et surtout il n’y a pas besoin de dépose en fin de campagne : la cire contenant la phéromone se dégrade naturellement au fil du temps. La solution est exempte de ZNT, de délai de rentrée et de délai avant récolte. Elle sera classée dans les biocontrôles, est éligible aux CEPP, utilisable en bio », a précisé Auréliane Bekkal, cheffe marché vigne, arbo et maraîchage. Aujourd’hui, selon les chiffres qu’elle a indiqués (issus des panels), les surfaces de vignes couvertes par la confusion sont de 102 548 ha déployés. Avec sa solution Enrapta, la firme vise une couverture de 30 à 40 000 ha. Quid de son coût/ha ? « Il sera dans les prix du marché des solutions de confusion actuelle », a précisé la firme.
Sur le plan des biofongicides, Corteva prévoit de lancer en 2025 une solution pour lutter contre le botrytis. La firme n’en a pas dit plus.
Au niveau des biostimulants, la stratégie de Corteva est de s’attaquer d’abord au marché des grandes cultures car c’est celui où il y a le plus de besoins à couvrir. Elle a ainsi développé Utrisha N, un biostimulant à base de la souche bactérienne Methylobacterium symbioticium Sb23. Une fois installée dans la plante, la bactérie fixe l’azote de l’air et transforme cet azote en une forme assimilable par la plante. « C’est une solution qui permet d’apporter une nouvelle source d’azote à la plante et simple d’utilisation puisqu’elle se pulvérise », a détaillé Romain Richard, chef marché biostimulant. A la clé : de meilleurs rendements. Corteva lance Utrisha N sur le marché des céréales et du maïs. « Mais on pourra aussi l’utiliser sur la vigne. Nous travaillons actuellement à l’acquisition de référence technique sur cette culture. L’an prochain, nous serons plus à même de proposer cette solution en viticulture », a indiqué la firme.