i les vins de Bourgogne ont battu des records de commercialisation en 2021, les incertitudes s’accumulent pour l’année 2022 indique Laurent Delaunay, le président délégué du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB), lors d’une conférence de presse ce 23 mars pour les Grands Jours de Bourgogne (voir encadré). Est en cause la conjonction entre petite récolte 2021 (avec une offre historiquement faible à cause des gelées d’avril), demande record des marchés (de l’export à la grande distribution) et flambée de l’ensemble des coûts (commencée pendant la crise covid et accentuée avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie). « C’est là que l’inquiétude est : on a une tendance [des prix] qui est haussière depuis 20 ans, on a un effet mécanique de la petite récolte 2021 qui accélère cette hausse pour les 18 prochains mois (la période de commercialisation), auxquels se rajoute une augmentation des matières sèches, de l’énergie, etc.. » explique Laurent Delaunay.
Si la guerre en Ukraine ne touche pas directement les exportations bourguignonnes*, le secteur bourguignon est « relativement inquiet sur les impacts indirects sur le pouvoir d’achat (comme en Allemagne, très dépendante du gaz russe », mais dans l’immédiat, « ce que l’on voit apparaître ce sont des alertes sur les matières premières et sur l’énergie avec des conséquences plus importantes que ce à quoi on pouvait s’attendre » rapporte Laurent Delaunay. Évoquant des envolées de 15 à 40 % des prix des bouteilles, du carton et des étiquettes, le négociant pointe également la hausse du coût de l’énergie sur le prix des transports : « ça va surenchérir les prix de nos vins pour nos consommateurs. On peut se poser des questions sur les prix de vente des vins de Bourgogne. On ne peut pas cacher que les prix seront élevés pour nos consommateurs » résume-t-il.
Face à ces défis, Laurent Delaunay souhaite voir des sources d’espoir dans la structure de l’offre bourguignonne : « la Bourgogne est la région au monde qui a la palette d’appellation la plus large qui existe ». Ses 84 AOC allant en effet d’appellations régionales accessibles à des grands crus iconiques. « On peut se dire que même si les volumes sont moins importants, chaque consommateur peut trouver une bouteille de Bourgogne correspondant à son goût et à ses moyens » conclut le vice-président du BIVB.
* : La Russie représente 0,9 % des exportations de Bourgogne, quand l’Ukraine en représente 0,1 % Ukraine. « Bien entendu, on est tous extrêmement choqués par ce qui arrive à nos amis ukrainiens, on se sent tous solidaires. On est également touchés pour ce qui arrive à nos amis russes, je parle de ce qui arrive à nos importateurs, de nos clients. La Russie avait beaucoup augmenté ces 10 ans. Le vin c’est un métier de contact, de partage, de convivialité : c’est-à-dire que l’on ne peut pas vendre de vin sans être proche de ses clients. On a aussi une pensée pour nos amis russes qui n’y sont pour rien dans cette situation » indique Laurent Delaunay.
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Présentant les premiers indicateurs de fréquentation du 16ème rendez-vous bourguignon, Raphaël Dubois, le président de l’association organisatrice, indique sa satisfaction à mi-parcours. Evoquant « d’excellents chiffres » à Chablis, Vougeot ou Gevrey Chambertin, l’organisateur note que 2 100 professionnels étaient inscrits en 2022, contre 2 300 en 2018 (l’édition 2020 n’a pu se tenir, covid oblige). Seul bémol en 2022, le nombre d’exposants en baisse : avec 950 entreprises en 2022, contre 1 050 en 2018. Un repli qui serait lié aux faibles disponibilités des millésimes 2020 et 2021 pour l’organisation.