près un printemps doux, tout le monde a été surpris par la chaleur en juin 2019. Dans l’Hérault et le Gard, les vignes ont connu des températures record, avec un pic à 46°C enregistré le 28 juin.
Plus de 1 500 exploitants viticoles de l'Hérault et du Gard ont déclaré des sinistres, avec une perte moyenne de récolte estimée à 37 %. En compilant les données des Chambres d’Agriculture, de l'interprofession SudVinBio et des assurances Groupama et Pacifica, les équipes de recherche de Montpellier SupAgro et de l’Institut National de la Recherche pour l'Agriculture et l'Environnement (Inrae) ont repéré plusieurs facteurs aggravants.
Après la température, ils mettent en avant le pouvoir évaporant de l’air, « souvent négligé et pourtant phénoménal » et potentiellement lié à un problème d’approvisionnement en eau des organes qui transpirent.
Ils notent ensuite une corrélation positive entre la dose de soufre appliquée avant le coup de chaud et le pourcentage de perte de récolte. « Les vignerons ayant traité 0 à 15 jours avant l’évènement ont en moyenne enregistré 21 % de perte de récolte supplémentaire. Ceux qui ont traité la veille ont perdu jusqu’à 37 % en plus » indiquent-ils. Les formes mouillables ou poudreuses ont eu le même effet.
L’orientation des rangs a également joué un rôle, avec des dégâts plus importants pour les faces Ouest des rangs orientés Sud-Nord. Les jeunes vignes de moins de 7 ans et les vieilles vignes peu vigoureuses ont par ailleurs été plus touchées, de même que les vignobles dont la densité de plantation dépasse les 4100 pieds par hectare.
En revanche, contrairement à ce que les chercheurs auraient pu imaginer, ils n’ont pas trouvé de lien avec le stress hydrique. « Il n’a pas de corrélation entre les niveaux de réserves hydriques du sol en sortie d’hiver des différentes communes viticoles et les symptômes de stress hydriques au moment du pic ou plus tardivement en juillet » expliquent-ils.
De même, alors que le vent est réputé comme ayant un effet aggravant, avec un « effet chalumeau », il a été salvateur quand il a soufflé à plus de 10 km/h.
Le traitement des déclarations n’a pas mis en lumière d’effet cépages, hormis pour le carignan. « Il représentait 7,5 % de l’encépagement en juin 2019 mais a été cité dans près d’un tiers des cas » témoignent MontpellierSupAgro et l’INRAE. Les chercheurs soupçonnent toutefois une confusion avec l’effet de l’application de soufre sur ce cépage sensible à l’oïdium. Le mode de palissage et l’effeuillage ne semblent pas non plus avoir eu d’effets sur le volume de vendange.


Les chercheurs continuent leurs travaux pour confirmer ou infirmer l’effet aggravants des haies, ou bois situés à l’est des plants, de la position des plants en bordure, et de l’effet cuvette. A contrario, ils enquêtent sur l’effet atténuant d’une bonne réserve utile et de la proximité des vignes d’un cours ou plan d’eau.
Dans le cas où subviendraient un nouvel épisode de chaud, ils recommanderaient aux vignerons de de reporter ou de limiter les écimages sévères et les rognages, d’attendre la fin de l'événement pour effectuer un nouveau traitement au soufre, ou de le faire au plus tôt. « En fonction de la réserve utile du sol, l’irrigation peut être déclenchée quelques jours avant le pic de chaleur afin d'assurer un confort hydrique à la vigne » concluent-ils.