ur le front du mildiou, la situation évolue de jours en jours. « Depuis lundi, on a une sortie massive de rot gris sur tout le vignoble » indique Marie-Noëlle Lauer, de la chambre d’agriculture d’Alsace ce 7 juillet. Ces sorties sont très variables « A certains endroits, il n’y a pas de symptômes sur grappes, mais un bel inoculum sur le feuillage et dans d’autres, des parcelles sont ravagées. Il y a des situations critiques où l’on s’attend à des pertes de récolte. Dans les cas les plus graves, les fréquences d’attaque vont jusqu’à 100 % de grappes touchées à des intensités de 10 à 80 % ». Cette situation est liée aux pluies incessantes.
Les fenêtres de traitements sont rares et les vignerons ont de grandes difficultés à maintenir les cadences de traitement. Sans compter que certaines parcelles peuvent être inaccessibles. Les produits de contact sont lessivés rapidement. A cela s’ajoute une qualité de pulvérisation non optimale, car la végétation est très dense et qu’en raison de la configuration de leur vignoble, les viticulteurs alsaciens ne traitent qu’un rang sur deux. « Les bios ont plus de mal à contenir à maladie, mais les conventionnels ont aussi des attaques » précise Marie-Noëlle Lauer. Son message : la prophylaxie à fond (rognage, écimage) pour éliminer une partie de l’inoculum et tenir les cadences en intervenant dès qu’une fenêtre se présente.
Mais pour que les viticulteurs sortent la tête de l’eau, il faudrait surtout que la météo redevienne clémente…
Attaques également critiques en Champagne. « La pression mildiou est très élevée à exceptionnelle sur près de deux tiers du vignoble. L'impact du mildiou sur le potentiel de récolte est en passe d'être très important » indique le Comité Champagne dans son bulletin d’avertissement viticole du 6 juillet. La situation est particulière grave dans l’Ouest du vignoble (Axonais, Vallée de la Marne, Canton de Condé en Brie). Dans beaucoup de parcelles de cette zone, le feuillage est très dégradé. « Certaines feuilles ne sont plus qu'une seule et unique tache », écrit le Comité Champagne. Et ça sort sur les grappes. Et selon l’interprofession, ce n’est que le début car il peut y avoir entre 8 à 10 jours de décalage entre les sorties sur feuilles et sur grappes entre les stades floraison et baies de la taille grenaille et jusqu’à 15 jours à partir du stade petit pois. De plus, d’autres cycles sont encore en cours d’incubation.
Dans le Centre, la situation est très contrastée selon les secteurs car les cumuls de pluies ont été hétérogènes selon les zones. « La majorité des vignerons arrivent à préserver la plus grande partie de leur récolte. Mais c’est plus dur en bio. Dans certains cas, il y a des pertes de récolte très significatives », rapporte François Dal du Sicavac, le 7 juillet.
En Côte d’Or, une majorité de parcelles présentent peu ou pas de taches sur feuilles. Mais localement dans le Sud de la Côte de Beaune, certaines vignes présentent des sorties importantes de symptômes sur feuilles et sur grappes. « Tous les paramètres concourent à maintenir le risque à un niveau élevé », prévient la chambre d’agriculture dans son bulletin Vitiflash du 6 juillet. Les techniciens invitaient donc les vignerons à bien surveiller leurs parcelles et à maintenir une couverture sans faille.
Dans le Jura, le mildiou s’extériorise aussi sur les grappes. « Sur les 33 parcelles (hors Témoin Non Traités) observées hier, 70 % présentaient des symptômes sur grappes, les fréquences restent souvent plutôt faibles. Mais les sorties sur feuilles récentes et les cycles en cours, laissent à croire une détérioration prochaine de la situation » précise le bulletin Jura’Vigne du 6 juillet, édité par la société de Viticulture du Jura.
En Anjou, d’après le bulletin Info Viti 49 du 6 juillet de l’ATV 49, de nombreux nouveaux symptômes sont apparus sur le feuillage. Des symptômes sur grappes sont également visibles, mais dans une moindre mesure. « Sur grappes, le temps d’incubation du mildiou est doublé les symptômes mettent donc deux fois plus de temps à sortir que sur feuilles. L’intensité des symptômes sur grappes, c’est-à-dire, la surface des grappes touchées sur l’ensemble de la vendange de la parcelle reste faible avec 0,2 % en moyenne sur notre réseau de parcelles d’observation et 4% en moyenne dans les témoins non traités ».
Dans le Bordelais, dans les parcelles traitées, de nouveaux symptômes sur feuilles et grappes apparaissent également. Mais pour le moment, ils restent limités d’après le dernier BSV Nord Aquitaine. Mais de nouvelles sorties étaient attendues. A Cognac, à ce jour, la situation était également globalement contenue dans les parcelles protégées.