e n’est pas la première fois que la WBWE quitte l’Europe pour rejoindre un marché tiers à fort potentiel pour le vrac. En effet, en 2019, elle a organisé le premier salon dédié aux vins en vrac à Yantai en Chine. « Nous avons impérativement besoin d’avoir une ouverture sur le monde, d’où nos éditions en Chine et aux Etats-Unis », explique la responsable communication Maria Giménez. « Que ce soit l’Europe, les USA ou la Chine, les trois régions travaillent le vrac de manière différente donc il faut avoir une présence sur place », poursuit la représentante du salon. Si la situation sanitaire actuelle en Chine ne permet pas d’envisager une nouvelle édition chinoise en 2022, le marché américain offre de belles perspectives. Des récoltes californiennes moins abondantes, une multiplication des feux de forêt et des coûts de production locaux prohibitifs sur certaines gammes ont fait progresser les importations de vins en vrac aux Etats-Unis ces dernières années. En moins de quinze ans, elles sont passées de 89,61 millions de litres à 300,37 millions en 2019, d’après Statista. « Le marché du vrac progresse aux USA », confirme Marc R. Kauffman, sommelier et consultant basé en Californie. « Un quart des vins importés le sont désormais en vrac et le nombre d’embouteilleurs augmente, notamment en Californie, même si le pays en compte aussi en Floride et dans l’Etat de New York ».
Que ce soit The Wine Group, Gallo, Bronco, Don Sebastiani ou encore Constellation, tous les grands producteurs américains importent des vins en vrac pour alimenter certains marchés. « Il est difficile de cultiver du pinot noir et du sauvignon blanc avec les profils gustatifs recherchés dans le sud de la vallée centrale », observe Greg Livengood, PDG de la société de courtage américaine Ciatti. « Il faut les cultiver plus au nord, mais là, les coûts de production les empêchent d’être compétitifs en entrée de gamme ». Dans le même temps, le marché américain s’ouvre de plus en plus aux « private labels », au sourcing diversifié, segment dans lequel les discounters Aldi et Lidl ont montré la voie aux autres distributeurs. Cette tendance a été amplifiée par la montée en flèche du commerce électronique depuis la crise du Covid-19. « L’e-commerce offre des opportunités commerciales plus saines pour le secteur du vrac », estime Andrew Porton, directeur de la société britannique The Wine Fusion, spécialisée dans la création de marques à partir de vins en vrac importés du monde entier. Vantant les mérites des « private labels » destinées aux sites d’e-commerce, il énumère : « Les détaillants électroniques ont moins tendance à être volage dans leur choix de fournisseur, ils veulent construire une histoire sur la durée, s’engager en amont, ils ne sont pas intéressés uniquement par les bas prix et ont la capacité de travailler avec de petits volumes, pour lesquels ils peuvent proposer une valeur ajoutée ». Mais le commerce électronique n’est pas l’unique circuit où les vins en vrac disposent d’un fort potentiel de développement aux Etats-Unis : si leur blason écologique peut leur ouvrir maintes portes, ils peuvent aussi répondre à une demande soutenue en faveur des « red blends », des marques cautionnées par des célébrités ou encore des packagings novateurs, cannettes en tête.