bjectif accompli, et dépassé. Visant une baisse de 20 % de ses émissions de gaz à effet de serre entre 2008 et 2020, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) affiche une baisse de 30 % de ses émissions d’équivalent gaz carbonique en douze ans. Présenté lors de son douzième forum environnemental, ce 7 décembre au palais des Congrès de Bordeaux, le troisième bilan carbone de la filière des vins de Bordeaux s’élève à 587 000 tonnes d’équivalent de CO2 en 2020, d’après le cabinet de conseil Carbone 4, contre 840 000 tonnes d’équivalent CO2 en 2008 et 770 000 tonnes d’équivalent CO2 en 2012.
Réalisées sur un périmètre aussi constant que large (de la production à la commercialisation, en passant par le conditionnement et le fret, mais en excluant l’œnotourisme), ces estimations témoignent de « progrès réels » analyse Laurent Charlier, le responsable recherche, innovation et transfert du CIVB, qui apporte cependant des nuances. « En 2012 nous commercialisions 5,6 millions d’hectolitres de vin, en 2019 c’était moins de 5 millions hl » indique le technicien. D’après les calculs, la baisse de la production explique l’essentiel de la baisse de l’empreinte carbone, qui est accentuée par une meilleure efficience énergétique (transports, fabrication des intrants…), mais aussi réduite par l’évolution des pratiques (l’arrêt des herbicides et l’utilisation croissantes de produits phytos de contact augmentant le nombre de passage de tracteurs pour le travail du sol et les traitements). Au global, la quantité de gaz à effet de serre émise par un hectolitre de vin a augmenté de 6 % en 2020 par rapport à 2012 (respectivement 146 contre 138 kg CO2 équivalent).
Pour répondre à des objectifs climatiques d’une augmentation limitée à 2°C de la température mondiale, les vins de Bordeaux doivent diminuer de 54 % leurs émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 2008, et de 74 % en 2050 indique Laure Le Quéré, cheffe de projet au cabinet de conseil Greenflex. Accompagnant le CIVB dans sa stratégie de décarbonation, l’experte souligne que si la réduction de l’empreinte carbone n’est pas une priorité dans la filière vin (où viennent d’abord les sujets environnementaux, de certification et de réduction des phytos), de nombreuses initiatives sont déjà lancées individuellement (bouteilles allégées, suivi des consommations d’énergie…) et doivent prendre une dimension collective pour peser (notamment sur le fret ou le machinisme).
Devant arrêter en janvier 2022 les leviers d’un plan 2030, le CIVB envisage des actions de réduction des émissions en travaillant sur le conditionnement (écoconception avec les verriers, nouvelles distributions comme la consigne…), le fret (dialogue avec les transporteurs…), les pratiques viticoles (développement d’alternatives au fioul agricole et aux intrants) et l’efficacité énergétique des bâtiments (faciliter les rénovations en levant les freins techniques et financiers). L’interprofession se penche également sur les leviers de captation du carbone, dans le vignoble (sol, haies…), les chais (séquestration du CO2 fermentaire) et sur l’exploitation (production d’énergies renouvelables).


Le prochain plan climat du CIVB doit être acté début 2022, avec l’annonce d’objectifs d’ici mars. « Dans la continuité de son plan climat 2020, la filière est en train de travailler à sa stratégie carbone à horizon 2030, avec un objectif de contribuer à la neutralité carbone en 2050 » conclut Marie-Catherine Duffour, la directrice technique du CIVB.