ouveau rebondissement, et nouvelle queue de poisson. Ce 30 novembre, le tribunal de Commerce de Montpellier constate l’absence d’offre pour la reprise des activités du négociant-vracqueur Anagram. La juridiction acte donc ce premier décembre la liquidation sèche des actifs issus de l’ancien négoce Raphaël Michel. Emporté par la tourmente des révélations en 2017 de fraudes massives (300 000 hectolitres de vins du Rhône), le négoce avait été repris à la barre du tribunal par Sébastien Bouvet-Labruyère l’été 2018, avec l'ambition de régler progressivement les créances ayant mis en difficulté des pans entiers du vignoble (des vins cédés n’ayant jamais été payés). Malgré trois reports des dates limites de dépôt des offres, il n’y a pas eu de réévaluation à la hausse des six propositions initialement enregistrées, mais un abandon de ces candidatures. « Avec le passif du scandale Raphaël Michel, personne ne voulait trop payer pour ces actifs. La filière doit tourner la page » glisse un candidat ayant déposé un dossier, pour finalement ne pas le maintenir. « Il n’y a pas eu de repreneur sérieux. Le marché du vin doit être tellement perturbé qu’il n’y en a aucun qui se soit présenté » indique une source proche du dossier.
Maintenue jusqu’au premier décembre, l’activité de la société Anagram s’arrête donc, mettant un terme à la procédure de sauvegarde judiciaire ouverte cet été. Le temps de la cession des actifs, la gestion du site de Piolenc pourrait passer sous la responsabilité de Labruyère Développement et Industrie Wine (LDI Wine), afin de vendre les vins encore en stock (70 000 hectolitres de vins achetés et payés par Anagram), au profit des banques qui sont les créancières principales d’Anagram. Cette délégation serait en discussion, avec l’enjeu de céder également le site et les installations de Piolenc (Vaucluse).
Assimilés à des fournisseurs, la dizaine d'apporteurs de vins et de raisins qui ont des impayés depuis 2018 arrivent après les banques pour faire valoir leurs créances. Sur les 3,6 millions € de créances dans le vignoble hérités de Raphaël Michel, Anagram avait réglé deux échéances : la troisième ne sera pas honorée, représentant un préjudice résiduel de 1,2 million €. Une source proche du dossier indique qu'Anagram n'avait pas contracté de nouvelles dettes auprès de vignerons.
Revenu à la case de la liquidation judiciaire trois ans après la reprise à la barre de Raphaël Michel, le groupe Anagram est arrivé en cessation de paiement faute de confiance de la part des opérateurs, qui n'ont pas confié les volumes espérés. Si Raphaël Michel brassait par le passé 450 000 hectolitres de vin, Anagram n’aura atteint que 200 000 hl sur les 400 000 hl visés au rachat. Le signe d'une défiance de la filière qui semble avoir été sous-estimée par les repreneurs.