L’épisode de gel exceptionnel d’avril a eu des conséquences sur toute la campagne viticole et en aura à plus forte raison sur les travaux de taille, avec des surcoûts à prévoir dans un contexte déjà tendu » anticipe Paul Hublart, chef du service viticulture de la Chambre d’Agriculture de l’Hérault, recommandant aux vignerons de concentrer leurs efforts sur les plantiers, les jeunes plants, et les parcelles les plus rentables de l’exploitation.
Ses conseillers ont donné aux viticulteurs des astuces pour optimiser leurs chantiers et balayé plusieurs cas concrets lors d’un webinaire organisé ce 9 novembre.
« Qu’ils taillent long ou court, il faut dans la mesure du possible ne pas sélectionner les bois porteurs d’excoriose, les coursons totalement ou partiellement secs, mal aoûtés, ou les sarments "collés", au mauvais empâtement suite au redémarrage des bourgeons de la couronne » préconise Clotilde Perilhou.
La conseillère insiste aussi sur la nécessité de trouver le bon compromis entre maintien d’une production pour le prochain millésime et un rétablissement de l’architecture des ceps à moyen terme.
Lors de la reformation des bois, Alain Sorbier les invite à ne pas pas laisser de courson au-dessus de la baguette. « Ceci est valable en guyot et surtout en cordon, pour éviter les bras à "fenêtres", avec des bourgeons qui ne démarreront pas ».
Pour éviter les dessèchements, nécroses et ralentissements de sève risquant de nuire au débourrement des bourgeons, les vignerons doivent plus que jamais adopter une taille non mutilante, en évitant de tailler ras.
« La contre-lame du sécateur électrique épaisse de quelques millimètres doit être placée contre le rameau de l’année ou le vieux bois, et non l’inverse, même si cela parait moins propre » insiste le conseiller.
Pour donner une chance aux bourgeons restants, les coursons sont à tailler hauts, de manière bien perpendiculaire, avec un chicot aussi long que le diamètre de la coupe sur les sarments de deux ans ou plus.
« Et sur un bras principal ou dans le cas d’un recépage, la hauteur du chicot doit même être de 2 voire 3 fois supérieure. Mieux vaut passer plus de temps à l’ébourgeonner qu’à complanter ».
Bonne nouvelle, les pampres issus du vieux bois sortis suite au gel, mais n’ayant pas donné de raisin en 2021, devraient être fructifères l’an prochain. « Les conditions d’induction florale y ont été favorables, avec un débourrement tardif, de bonnes températures et un ensoleillement idéal, d’autant plus qu’ils étaient placés hors de la zone végétative » indique Clotilde Perilhou. Reste à voir quel sera leur rendement, la Chambre manquant de références bibliographiques sur le sujet.