ouchée, comme la France, par de fortes gelées printanières, mais aussi par la sécheresse et la canicule cet été, l’Italie aura néanmoins réussi à éviter le pire cette année. Les prévisions actuelles, collationnées par les trois organismes que sont l’Assoenologi, l’Ismea et l’UIV, font état d’une production de 44,5 millions d’hectolitres en 2021, en recul de 9 % par rapport à 2020 (49 Mhl). Ce qui permet à l’Italie de conserver sa place de premier pays producteur au niveau mondial, devant l’Espagne, dont la production devrait avoisiner 39-40 Mhl en 2021. A ce jour, environ 25 % des raisins ont été récoltés, la Sicile ayant ouvert le bal des vendanges fin juillet. Entre fin août et la première semaine de septembre, les variétés précoces (chardonnay, pinot, sauvignon) ont été récoltées dans la plupart des régions productrices. Les vendanges devraient battre leur plein avec un peu de retard vers la deuxième quinzaine de septembre, pour se terminer vers la fin du mois d’octobre, voire début novembre.
Quant aux volumes attendus cette année, quatre régions se partagent 60 % de la récolte : il s’agit de la Vénétie, avec 11 Mhl, suivie des Pouilles (8,5 Mhl), de l’Emilie-Romagne (6,7 Mhl) et de la Sicile (3,9 Mhl). La Toscane, fortement frappée par les gelées d’avril, s’attend à une baisse de 25 % de sa production, tandis que les volumes sont en hausse en Sicile, Calabre et Campanie. Néanmoins, la quasi-totalité des vignobles accusent des diminutions de volumes cette année, allant de -20 % pour la Lombardie à -5 % dans les Pouilles, en passant par -15 % en Emilie-Romagne et -10 % dans le Trentin-Haut-Adige et le Piémont.
La baisse des volumes conjuguée à la reprise des marchés, domestique et extérieur, promet d’entraîner une augmentation des prix. « Le vin est sorti du test Covid la tête haute », s’est réjoui Fabio Del Bravo, chef du département des services de développement rural au sein de l’Ismea. « Ce qui, au lendemain de l’éclatement de la pandémie, devait être l’un des secteurs les plus touchés, en raison de sa forte exposition au secteur CHR et aux marchés étrangers, a au contraire démontré une capacité d’adaptation extraordinaire. Sans vouloir sous-estimer les difficultés financières rencontrées par de nombreuses entreprises, il convient de noter que la crise a donné un élan formidable aux vignobles italiens pour développer l’innovation numérique et la diversification des circuits commerciaux ». Et de prédire « de bonnes perspectives » pour la prochaine campagne grâce « au rebond significatif des exportations, à la hausse des tarifs et à la reprise du commerce du détail ».
Cet optimisme est corroboré par la société internationale de courtage Ciatti, qui note : « Les prix du vrac sont élevés dans toute l'Italie et l'offre est limitée, la demande en faveur du Prosecco, du pinot grigio et des vins des Pouilles étant particulièrement forte. Les ventes de Prosecco ont augmenté de 31,5 % en juillet, mais celles de pinot grigio ont baissé de 7 %, car l'offre est désormais devenue rare. On s'attend à ce que les prix des vins issus du millésime 2021 augmentent par rapport à ceux de 2020, étant donné que la récolte devrait être moins abondante et que la demande de vins italiens est forte (et pourrait s'intensifier si les acheteurs européens se détournent des vins du Nouveau Monde en raison des problèmes logistiques mondiaux actuels) ».