Les experts de l’assurance doivent passer lundi mais je sais déjà que l’incendie nous a fait perdre 5 à 10% de la récolte que nous aurions dû avoir sur nos 140 hectares du Massif des Maures » indique Benoît Ab-der-Halden, directeur des vignobles Chevron Villet, répartis sur 540 hectares en Provence.
« Et nous avons dû réévacuer à 13h ce mercredi car le feu regagnait du terrain ». Plusieurs de ses grands îlots ont bien joué leur rôle de pare-feu. Les 5 à 6 premiers rangs sont brûlés, et d’autres ont été aspergés par du produit retardant.
« Nous allons vinifier le reste de manière séparée comme nous l’avions fait suite aux incendies de 2016, en utilisant de la bentonite et du charbon pour éviter les goûts de fumée, en espérant ne pas dépouiller le vin de ses arômes d’intérêt » reprend Benoît Ab-der-Halden.
Les Vignobles Chevron Villet ne sont pas les seules victimes de l’incendie. « Je sais qu’il a fait des dégâts au Château Réal d’Or, à Gonfaron, au Château de Berne à Flayosc, au Château des Bertrands, au Cannet-des-Maures, ou au Domaine des Nibas, à Vidauban ».
Au Domaine de la Giscle, à Cogolin, le vigneron Pierre Audemar a même vu son chai et son hangar emportés par les flammes. Pour Benoît Ab-der-Halden, la faute revient au mode de gestion de la Réserve Naturelle.
« Tout le Massif a été complètement sanctuarisé » explique-t-il. Aucun entretien des fossés ou des friches n’est permis pour préserver la tortue d’Hermann. « Des gens ont même été verbalisés car il débroussaillait autour de chez eux avant l’arrivée du feu. Résultat, leur maison a brûlé » s’agace-t-il, annonçant que Nicolas Garcia, le directeur du Syndicat des Vins de Provence s’apprête à demander un assouplissement du règlement au Préfet. « Nous voulons a minima pouvoir planter des vignes dans les friches pour stopper la propagation des cendres ».