omme dans la majorité des régions viticoles françaises, la Bourgogne fait face à un millésime 2021 particulièrement compliqué. Premier incriminé : le gel d’avril, qui a largement affecté le potentiel de récolte. Celui-ci serait amputé d’environ 50 % - voire plus dans les exploitations ou le chardonnay domine - si l’on en croit l’écho qui résonne un peu partout dans le vignoble. «La situation est très hétérogène» observe Christophe Chauvel, responsable des domaines Albert Bichot, l’un des parcellaires bio les plus étendus de Bourgogne. « Dans certaines vignes de pinot noir, on peut espérer, à ce jour, 70 % d’une récolte normale. Mais l’on pourrait descendre à 5 % dans des chardonnays particulièrement touchés. » Des pertes auxquelles s’ajoutent des phénomènes locaux de coulure et de grêle.
Désormais, c’est la pression parasitaire qui préoccupe les vignerons. « La pluviométrie a été exceptionnelle en mai et début juillet » constate Christine Monamy, responsable agrométéo du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB), qui remarque « d’importantes disparités territoriales ». Exemple : « sur les trois premières semaines de juillet, les cumuls atteignent 150 mm sur le Mâconnais, contre 50 à 80 mm sur le reste de la région ». Même dans deux villages voisins, « on a pu relever des différences atteignant 100 mm ».
Ainsi, mildiou comme oïdium ont mis les vignerons sous pression. Avec des conséquences pour l’instant modérées. « Localement, certaines parcelles ont complètement décroché. Mais, globalement, la pression n’est pas très importante sur l’ensemble du vignoble» rapporte Christine Monamy. Il faut dire que les viticulteurs s’y préparaient. « Dans nos vignes, très touchées par le gel, nous nous attendions à une année compliquée. La pousse a été anarchique, amenant un travail de palissage délicat et des problématiques d’entassement», témoigne Christophe Chauvel, qui insiste sur « les efforts consentis par le personnel» pour tenir la cadence des traitements.
Mais cette épée de Damoclès reste suspendue et menace toujours. Le risque apparaît très élevé dans les prochains jours, avec des orages prévus en fin de semaine. Et côté Botrytis ou tordeuses de la grappe, « pas de problématique particulière à ce jour » observe Christine Monamy. Le seul soulagement apporté par un millésime particulièrement éprouvant.