L’usage, ce n’est pas l’abus » pose le professeur Pierre-Louis Teissedre, le nouveau président de la commission Sécurité et Santé de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (depuis son élection en assemblée générale, ce 12 juillet). Enseignant chercheur à l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin (l’ISVV, à Bordeaux), l’expert a déjà vu de nombreuses attaques hygiénistes contre la consommation de vin. La dernière en date, portée par l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), s’inscrit pour lui dans la « tendance de l’appel à la zéro consommation. C’est un radicalisme tranquille ».
Rappelant que la lutte contre les consommations excessives fait largement consensus, et que pour les personnes ayant un problème avec l’alcool l’abstention est à privilégier, Pierre-Louis Teissedre défend une approche scientifique équilibrée des bénéfices et risques des effets du vin sur la santé. « Si je le consomme avec modération durant le repas, le vin apporte du plaisir, des saveurs et de l’émotion. C’est essentiel pour la joie de vivre. Quand on en est privé, c’est une perte. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la santé comme un état complet de bien-être physique, mental et social. Il n’y a pas que l’absence de maladies et d’infirmités. Il faut prendre en compte toutes les dimensions de la santé. Cela inclut le bien être, dont on ne parle pas ou peu dans les études » souligne l’expert, pour qui « on doit conserver et mettre en valeur la consommation de vin avec modération. La consommation modérée de vin concourt à notre bien-être et donc à notre santé. »


Présidant désormais la commission Sécurité et Santé de l’OIV, Pierre-Louis Teissedre annonce que « l’OIV devra travailler et faire des propositions pour prendre en compte cette dimension psychique, peu explorée ». L’œnologue bordelais va également militer pour la promotion de la consommation modérée. « En matière de consommation et de santé, l’éducation et la prévention sont plus efficaces que les politiques d’interdiction et de culpabilisation, qui n’ont jamais fait leurs preuves » souligne Pierre-Louis Teissedre, pour qui l’essentiel tient à ce que « le discours et les recommandations soient basés sur des études scientifiques crédibles, sérieuses et certifiées ».