’invitation a eu du succès. Une vingtaine de metteurs en marché, représentants l’ensemble du négoce régional (Castel, Grands Chais, Advini, Badet Clément, Gérard Bertrand...), ont participé ce 10 juin à une dégustation de cépages résistants organisée à Pech Rouge par l’Institut National de la Recherche pour l'Agriculture et l'Environnement (Inrae) et le Comité Interprofessionnel du Vin de Languedoc (CIVL). L’initiative en revient à Richard Planas, le directeur des domaines de Gérard Bertrand et membre de la commission technique du CIVL. « J’ai récemment pris conscience qu’il y a à l’Inra, grâce aux travail d’Alain Bouquet, un réservoir de variétés résistantes qui sont très qualitatives, alors qu’on voit proliférer dans le vignoble d’autres cépages résistants moins intéressants d’un point de vue organoleptique. J’ai voulu faire partager cette donnée à toute la famille du négoce pour que toute la filière soit unie pour défendre ce dossier » explique-t-il. L’objectif a visiblement été atteint.
Une vingtaine de variétés ont été dégustées, majoritairement celles développées par le défunt Alain Bouquet, mais également les Resdur 2 de l’Inrae de Colmar. Parmi les variétés Bouquet, certaines ont unanimement retenu l’adhésion des metteurs en marché. « Les vins que nous avons dégustés sont d’un très bon niveau qualitatif. Quatre d’entre eux ont recueilli tous les suffrages : des croisements à partir de marselan, cabernet sauvignon, grenache et fer-servadou. Ces variétés cochent toutes les cases : elles sont résistantes aux maladies, d’un très bon niveau qualitatif et qui plus est productives. C’est LA solution pour accroître les revenus des producteurs et améliorer l’impact environnemental de la culture de la vigne. Nous ne comprenons pas pourquoi il est si laborieux d’obtenir le classement définitif de ces variétés » s’étonne Gilles Gally, président de l’UEVM, syndicat régional des metteurs en marché.


Une prise de position qui réjouit Jean-Benoît Cavalier, président de la commission technique du CIVL. « Jusqu’ici le négoce était plutôt absent des sujets techniques. Cette réunion démontre qu’il est désormais prêt à s’impliquer. C’est un renfort dont nous nous félicitons. Une filière unie aura plus de poids pour défendre le classement définitif de ces variétés ».
Actuellement, sept variétés Bouquet sont classées temporairement, ce qui autorise à les planter à titre expérimental. Une procédure VATE (Valeur Agronomique, Technologique et Environnementale) est engagée, ce qui pourrait permettre leur classement définitif à l’horizon 2024. Le CIVL a demandé le classement temporaire de deux autres variétés qui s’avèrent particulièrement intéressantes qualitativement.
Les chercheurs de l’Inrae de Pech Rouge viennent de mettre à jour un autre atout de ces variétés Bouquet. Le G9, cépage blanc à petit degré, affiche des teneurs record en glutathion. « Nous avons découvert par hasard en réalisant nos analyses, que cette variété produisait naturellement des quantités élevées de glutathion : 45 mg/l contre 18 mg/l pour l’ugni blanc. Le ratio glutathion/ acide caftarique (acide phénol responsable du brunissement des moûts) est encore plus favorable avec 0,4 pour le G9 contre 0, 06 pour l’ugni-blanc » confie Hernan Ojeda, chercheur à l’Inra de Pech-Rouge.
Anti-oxydant naturel, le glutathion est un précieux allié notamment pour la vinification des vins blancs. Il bloque l’oxydation des polyphénols, responsables du brunissement et préserve le potentiel aromatique des vins thiolés en protégeant les précurseurs d’arômes de l’oxydation à laquelle ils sont très sensibles. Il est un atout pour l’élaboration des vins sans soufre.