’est peu dire que le conflit entre les certifications bio et Haute Valeur Environnementale (HVE) crispe la filière vin. Tournant à l’aigre, les tensions qui ont éclaté fin 2020 entre les deux labels s’enveniment à nouveau ce printemps 2021. Renforcée par les enjeux de la prochaine Politique Agricole Commune, cette confrontation est le signe d’un temps où seule l’opposition frontale semble pouvoir animer le débat public. De part et d’autre on entend claquer des arguments brandis en anathèmes pour radicaliser les positions, et oppositions irréconciliables.
En sortant de ces postures, la réalité des engagements ne laisse pourtant aucun doute : il y a du bon à prendre dans les deux démarches officielles. Elles s’ajoutent dans leur bonne volonté de mieux produire et n’ont pas à se retrancher dans une confrontation pour mieux se vendre. Si la médisance individuelle est actuellement de mise, c’est la mieux-disance collective qui serait à installer demain pour améliorer chaque label. Il faut reconnaître qu’aucune solution pure et parfaite n’existe actuellement, du moins transposable à grande échelle. Techniquement, économiquement et philosophiquement, chaque approche a ses limites… et ses compromis. Pour les purs et durs, tout accommodement d’un idéal constitue une trahison rédhibitoire. Pour les pragmatiques, tout arbitrage reste une solution temporaire, faute de mieux.
Très philosophique dans son approche, la très tendance Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) ne repose pas sur une certification définitive, mais sur une démarche d’amélioration continue. Coexister sans mépriser la parcelle du voisin, mais en s’inspirant de ce qui y fonctionne semble moins stérile. Additionner bio et HVE représente une richesse, la biodiversité existant aussi dans les labels environnementaux afin de s’adapter à chaque situation.