e mercredi 20 mai 2021, en direct de Tunis, Mohamed Ben Cheikh, le représentant de la Chambre Syndicale Nationale des producteurs des Boissons Alcoolisées-UTICA Tunisien, a animé pendant 6 heures, la conférence internationale pour le lancement du projet de coopération transfrontalière, œnomed. Une longue conférence, rythmée par une douzaine d’interventions institutionnels et techniques, pour présenter un vaste programme, débuté en novembre 2020. Son objectif global est la qualification et la promotion des filières viti-vinicoles des PME dans les aires protégées de la Méditerranée, en valorisant les spécificités du territoire tout en adoptant des innovations vertes.
Concrètement, ce projet pilote vise à aider 40 PME viticoles (8 en France, 8 en Italie, 8 au Liban, 12 en Tunisie et s’adresse aux 7 000 entreprises recensées dans les quatre pays participants), pour les encourager à développer une viti-viniculture plus respectueuse de son environnement, afin d’ assurer leur durabilité économique et écologique. Soit deux des axes du développement durable. Avec un soutien institutionnel et technique pour chaque pays.


En France, côté institutionnel, le projet est porté par le département de l’Hérault et le syndicat de l’AOC Languedoc. Côté recherche, c’est l’INRAE (Institut national de la recherche agronomique) avec comme chef de file, le directeur de recherche, Jean-Marc Touzard. Qui a notamment piloté en 2016 la prospective pour identifier les enjeux de la filière vitivinicole française en 2050 au regard du changement climatique. Intervenant en direct de Montpellier lors de la conférence, le chercheur démontre toute la chaîne de valeur imbriquée pour préserver et valoriser les territoires de la méditerranée et les enjeux pour le développement durable de la viticulture. Pour lui, “la méditerranée est un Hotspot de la biodiversité” et ce programme doit permettra “la mise en réseau et la coopération des acteurs du monde du vin de la Méditerranée”.
Chaque pays part avec des études déjà existantes qui se concrétiseront grâce à œnomed. Comme le précise Mohamed Ben Cheikh : “on ne part pas de zéro”. Doté d'un budget de 2,7 millions d’euros (financé à 90 % par l’Europe), l’ensemble des protagonistes ont 30 mois pour réaliser le projet. Plusieurs groupes de travail sont déjà à l'œuvre, côté technique et côté promotion, pour ce projet pilote dont l'aboutissement est une charte. Ni les contours, ni le nom sont, à ce jour, définis. Pour l'instant, son code est “Aires Protégées de la Méditerranée”.
Comme le souligne Cendrine Vimont, la coordinatrice du projet en France pour la partie filière, en collaboration avec le département de l’Hérault, pour le côté institutionnel : “nous sommes en phase de co-construction. Nous définissons tout d’abord les critères techniques, géographiques et d’éligibilité”. Elle souligne : “ce label complémentaire s'insérera dans les législations existantes”. A ce jour les 40 PME n’ont pas encore été sélectionnées. Les critères là aussi restent à être précisés. Quand ils le seront, chacune bénéficiera d’un soutien financier de 20 000 € pour la partie technique et 7 000 € pour la promotion de ses actions vertes.
Entre les deux pays producteur leaders que sont la France et l’Italie, la Tunisie avec ses 230 000 hl de vin (données 2020) et le petit poucet qu’est le Liban (avec sa production de “9 000 cols” selon Riad SAADÉ, consul et Président du Centre de recherches et d'études agricoles libanais), le transfert de connaissance et la coopération doivent prendre tous leurs sens. La volonté humaine et les partages tant transculturels que techniques, rayonnaient lors de cette longue conférence pour ce projet ambitieux. Un bon début de bon augure.