ne masse d’air très froide en altitude mais aussi au sol, et une forte hygrométrie : la vague de gel a été redoutable pour les vignes de Touraine, y compris dans des lieux jusqu’ici non-gélifs. « Près de 95% des surfaces en vignes ont été touchées, soit 6200 hectares. Selon la précocité de la taille de la vigne, un domaine viticole peut faire face à un taux de gel allant de 50 % à 100 % », indique la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher.


Les vignerons ont relevé jusqu’à - 6°C. « Des éoliennes anti-gel n’ont pas eu le résultat attendu, même avec des feux ou de grosses bougies. Des parcelles ont été très touchées. Nous avons perdu au moins 50% de potentiel de production », déplore Thierry Michaud, président de l’ODG Touraine.
Dans l’AOC Cheverny, la température est descendue jusqu’à – 7°C. « Les éoliennes n’ont pas été pleinement efficaces les nuits où le gel était advectif, sans possibilité d’inversion des couches de températures. Et à – 7°C, même l’aspersion atteint ses limites », commente Michel Gendrier, président de l’ODG.
En Indre-et-Loire, l’est du département semble avoir été plus touché par le gel, avec des chenins plus avancés. Dans l’AOC Vouvray, Sébastien Brunet, vigneron à Chançay, a enregistré jusqu’à - 6°C. « Dans la nuit du 6 au 7 avril, la température a chuté en moins d’une heure. Malgré les bougies, les baguettes étaient couvertes de givre. Si je n’avais pas eu mon éolienne, j’aurai eu 80% de dégâts ».
Alain le Capitaine, président de l’ODG de Vouvray ne s’avance pas encore dans une estimation sur l’AOC, « mais les pertes sont significatives ».
Dans l’AOC Montlouis, il a été constaté jusqu’à - 8°C dans certaines vignes. « Des parcelles ont été touchées à 100% », signalait un vigneron le 14 avril. « Certains ceps étaient en pleurs, le gel a fait éclater leurs vaisseaux, ils vont sans doute mourir », constate Didier Avenet, viticulteur à St-Martin-le-Beau.
Eoliennes fixes ou mobiles, feux, bougies et même hélicoptère pour certains, les vignerons ont mobilisé tous les moyens possibles.
Dans l’ouest de l’Indre-et-Loire, les vignes de cabernet franc étaient moins avancées que les chenins. A St-Nicolas-de-Bourgueil, « le vignoble a plutôt bien résisté, avec les tours à vent, l’aspersion et les bougies », a indiqué le syndicat des vins le 14 avril.
Dans l’AOC Chinon, il a été relevé jusqu’à - 5°C. Les tours à vent ont été complétées de feux, l’aspersion a tourné pendant 12 heures, mais les vignerons s’attendent à des dégâts. Il est toutefois encore trop tôt, à Chinon comme ailleurs, pour dresser un bilan global des pertes.


Les responsables viticoles ont très vite vu les politiques arriver au chevet de leurs vignes, le ministre de l’Agriculture près de Vouvray le 9 avril, le président du Conseil régional du Centre val de Loire François Bonneau le lendemain.
Les élus vignerons ont demandé une assurance récolte mieux subventionnée, des mesures d’aides sur les charges sociales et fiscales, et sur les investissements en moyens de lutte contre le gel. En visite dans des vignes près de Cheverny le 14 avril, le député européen écologiste Yannick Jadot a lui fustigé « le déni de l’urgence climatique » du gouvernement.