epuis le début de la campagne, les transactions en vrac de Côtes-du-Rhône sont en retard. « Les incertitudes liées à la fermeture de certains débouchés ont conduit les acheteurs à contractualiser sur des périodes inférieures à douze mois, constate Denis Guthmuller, président du Syndicat des Côtes-du-Rhône. Mais ce retard s’est résorbé. On n’est plus qu’à – 4% par rapport à l’an passé, et on devrait pratiquement boucler la campagne au même niveau que 2019, avec simplement un décalage dans le temps. Alors que tout est habituellement plié en février-mars, il faudra cette année attendre avril-mai. »
Les Côtes-du-Rhône Villages sans nom géographique, largement distribués en GMS, affichent même une avance de 25 % par rapport à 2020. Ceux avec nom géographique, plus orientés vers le CHR, sont davantage à la peine. Ce marché peu tendu a pesé sur les cours, « tombés à 130 €/hl en moyenne pour les Côtes-du-Rhône, contre 150 € sur la campagne précédente » souligne Denis Guthmuller.
Et puis le gel a frappé le vignoble. « Cela va rebattre les cartes », prédit Serge Vial, président du syndicat des courtiers en vins de la vallée du Rhône. « Il y a encore dix jours, on parlait de distillation et de problèmes de relogement pour la vendange : c’est fini. Pour l’instant, on n’est pas harcelés par les acheteurs. Mais les cours, qui étaient descendus à 100 - 120 € pour les Côtes-du-Rhône, vont certainement se raffermir dans les semaines à venir. »
A la tête de l’Union des maisons de vins du Rhône (syndicat des négociants), Samuel Montgermont est plus nuancé. « Le négoce s’était couvert. Une grosse partie des achats étaient déjà faits. On était en situation de surstock avant le gel, donc pour l’instant on garde la tête froide. »
Sans minimiser l’ampleur de cet épisode de gel « historique », il juge prématuré de faire des projections sur les cours. « Il est certain que la récolte sera impactée. Mais il reste également beaucoup d’incertitude liées à la pandémie et à la réouverture de certains débouchés. »