Front commun
Appels au "sauvetage" des vignobles ravagés par le gel

Face à un coup de froid destructeur pour la filière vin, les parlementaires, syndicalistes et élus locaux appellent à la mobilisation générale. De la demande de reconnaissance aux premiers déblocages d’aides, comme en Sud
Après trois nuits successives de températures négatives gelant des pans entiers du vignoble français (mardi 6, mercredi 7 et jeudi 8 avril) les représentants de la filière vin appellent à des réponses positives à leurs appels d’aides rapides. « Nous demandons au ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, d’activer tous les outils collectifs qui existent permettant de diminuer l’impact d’une perte de production, mais aussi de réfléchir à des aides supplémentaires, afin d’éviter que des domaines disparaissent » demande une tribune signée ce 8 avril par 69 députés, majoritairement membres du groupe d’études vigne et vin de l’Assemblée nationale (voir en encadré l’intégralité de cette tribune).
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« Monsieur le Premier ministre […] nous vous appelons solennellement à réunir, de toute urgence, les acteurs de la filière viticole afin de réfléchir ensemble à ce qu’il convient malheureusement non plus d’appeler un plan de relance mais un plan de sauvetage » écrivent à Jean Castex, ce 8 avril, la sénatrice bordelaise Nathalie Delattre et le député héraultais Philippe Huppé, les coprésidents de l’Association Nationale des Elus de la Vigne et du Vin (ANEV)
Pour l’ANEV, sont sur la table les demandes de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, d’exonération de charges, de la détaxation du foncier, de report des charges de la Mutualité Sociale Agricole (MSA)… Si les leviers d’action sont limités pour une perte de récolte assurable, le syndicat agricole Modef (Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux) annonce dans un communiqué demander « l’activation du Fonds National de Gestion des Risques Agricoles (FNGRA) par le biais du régime des calamités agricoles afin d’indemniser les exploitants qui sont confrontés à ces épisodes de gel »
Se situant « en complément des aides de l’Etat [et des assurances], la région [Sud] débloque immédiatement une enveloppe de 500 000 euros pour venir en aide aux agriculteurs les plus touchés, dans le cadre de son Fonds d’urgence d’aide face aux calamités agricoles » indique un communiqué de la région provençale, qui fait état de dégâts conséquents dans les départements du Vaucluse, des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence. La région Occitanie précise attendre l'estimation des dégâts pour se prononcer sur de nouvelles aides.
S’il est trop tôt pour avancer des estimations de pertes de récolte, les témoignages du terrain laissent présager d’importantes pertes de récolte. « Dans les caves de la cinquième circonscription [de l’Hérault], le désespoir est total » témoigne Philippe Huppé, rapportant que d’après les premières estimations de la chambre d’Agriculture, « 90 % du vignoble de l’Hérault a été touché par la vague de gel ».
Cette calamité climatique s’ajoute à une série de difficultés économiques, de la crise sanitaire aux rétorsions géopolitiques. « En plus de la crise Covid, des crises à l’export et des tensions diplomatiques autour du vin, cet épisode de gel met à genou toute une filière » indique un communiqué de la sénatrice Nathalie Delattre. « Il est indispensable de tenir compte de cet épisode douloureux dans le contexte actuel d’une crise sanitaire, nous le répétons, qui a encore des conséquences sur l’activité viticole » martèle la tribune des 69 députés.
Le gel a été une catastrophe pour de nombreux secteurs : on se souvient de 2017 mais aussi de 1991 !
2021 vient s’ajouter à la liste des années que nous aimerions ne jamais avoir vécue. Cela fait deux nuits gélives de suite, et d’autres à venir : il n’y a pas de répit.
La perte de récolte est certaine car les bourgeons avaient pour la plupart débourré.
Certes, les contre-bourgeons vont maintenant pouvoir démarrer, mais la quantité de grappes est incertaine et elle sera clairement inférieure au rendement prévu initialement.
Il est difficile de donner des chiffres précis, les remontées sont en cours mais cela va de 30 à 60 % et jusqu’à 100 % sur certaines appellations. Le diagnostic final des préjudices sera établi d’ici deux semaines, mais nous craignons vraiment le pire.
Deux fois en 5 ans et pour certains trois fois en 5 ans... Ces accidents climatiques ne sont plus ponctuels mais deviennent récurrents. Les aides seront les bienvenues, surtout dans le contexte actuel où les vignerons n’ont toujours pas retrouvé leur chiffre d’affaires (cafés-hôtels- restaurants fermés et salons annulés) !
On passe d’une semaine à 25 degrés puis la semaine d’après à -5 degrés. L’amplitude est énorme et nous devons aider les vignerons à s’adapter à ces changements.
C’est pour cela que des appels à projets dans le cadre de « France Relance » ont été mis en œuvre par le gouvernement et le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, pour des aides sur des investissements pour les aléas climatiques, mais ce sont des investissements très importants et ils ne couvrent pas tous les aléas (gel, grêle, sécheresse) ni toutes les surfaces.
Par ailleurs, les assurances à ce jour ne sont pas obligatoires et restent encore onéreuses pour les risques couverts et le montant des indemnités remboursé. C’est pour cela aussi qu’un travail est fait actuellement à l’Assemblée nationale, avec bientôt la remise d’un rapport de notre collègue-député Frédéric Descrozaille au ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, sur les assurances récoltes.
Quoi qu’il en soit, étant donné la situation, nous, députés du groupe d’études « Vigne Vin et Œnologie » à l’Assemblée nationale, par cette tribune, assurons de notre soutien, toutes les femmes et les hommes, vigneronnes et vignerons, dont les vignobles sont touchés de plein fouet et subissent ces intempéries.
Nous demandons au ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Julien Denormandie, d’activer tous les outils collectifs qui existent permettant de diminuer l’impact d’une perte de production, mais aussi de réfléchir à des aides supplémentaires, afin d’éviter que des domaines disparaissent.
Il est indispensable de tenir compte de cet épisode douloureux dans le contexte actuel d’une crise sanitaire, nous le répétons, qui a encore des conséquences sur l’activité viticole.
Nous savons pouvoir compter sur vous, Monsieur le Ministre, pour soutenir la profession et pour trouver des solutions.
Nous sommes à vos côtés pour y travailler.
Signataires :
Marie-Christine Verdier-Jouclas, députée du Tarn et co-présidente du Groupe d’études « Vigne, vin et oenologie »
Jacques Cattin, député du Haut-Rhin et co-président du Groupe d’études « Vigne, vin et œnologie »
Emmanuelle Anthoine, députée de la Drôme
Jean-Philippe Ardouin, député de la Charente-Maritime et secrétaire
Thibault Bazin, député de Meurthe-et-Moselle
Valérie Beauvais, Députée de la Marne et vice-présidente
Gregory Besson-Moreau, député de l’Aube
Florent Boudié, député de Gironde et vice-président
Danielle Brulebois, députée du Jura
Jean-René Cazeneuve, député du Gers
Anthony Cellier, député du Gard
Philippe Chalumeau, député d’Indre-et-Loire
Fabienne Colboc, députée d’Indre-et-Loire et secrétaire
Francois Cormier-Bouligeon, député du Cher et secrétaire
Charles de Courson, député de la Marne
Michèle Crouzet, députée de l’Yonne
Olivier Damaisin, député de Lot-et-Garonne et secrétaire
Typhanie Degois, députée de Savoie
Michel Delpon, député de la Dordogne
Benjamin Dirx, député de Saône-et-Loire
Christelle Dubos, députée de Gironde
Françoise Dumas, députée du Gard
Stella Dupont, députée de Maine-et-Loire
Jean-François Eliaou, député de l’Hérault
Jean-Luc Fugit, député du Rhône
Olivier Gaillard, député du Gard
Laurence Gayte, députée des Pyrénées-Orientales
Raphaël Gérard, député de Charente-Maritime
Eric Girardin, député de la Marne et vice-président
Valérie Gomez-Bassac, députée du Var
David Habib, député des Pyrénées-Atlantiques
Véronique Hammerer, députée de Gironde
Michel Herbillon, député du Val-de-Marne
Danièle Hérin, députée de l’Aude
Philippe Huppé, député de l’Hérault
Jacques Krabal, député de l’Aisne
Daniel Labaronne, député d’Indre-et-Loire
Célia de Lavergne, députée de la Drôme
Marie-France Lorho, députée du Vaucluse
Sandra Marsaud, députée de Charente
Didier Martin, député de la Côte-d’Or
Sereine Mauborgne, députée du Var et secrétaire
Stéphane Mazars, député de l’Aveyron
Emmanuelle Ménard, députée de l’Hérault
Ludovic Mendes, député de la Moselle
Sophie Mette, députée de Gironde et vice-présidente
Patricia Mirallès, députée de l’Hérault
Adrien Morenas, député du Vaucluse
Didier Paris, député de Côte-d’Or et vice-président
Alain Perea, député de l’Aude
Bernard Perrut, député du Rhône et secrétaire
Bénédicte Peyrol, députée de l’Allier
Jean-François Portarrieu, député de Haute-Garonne
Rémy Rebeyrotte, député de Saône-et-Loire
Véronique Riotton, députée de Haute-Savoie
Mireille Robert, députée de l’Aude et vice-présidente
Xavier Roseren, député de la Haute-Savoie
Laetitia Saint-Paul, députée de Maine-et-Loire
Jean-Marie Sermier, député du Jura et secrétaire
Nathalie Serre, députée du Rhône
Benoit Simian, député de Gironde
Jean Terlier, député du Tarn
Huguette Tiegna, députée du Lot
Alice Thourot, députée de la Drôme
Souad Zitouni, députée du Vaucluse
Sylvie Brunet, députée européenne
Laurence Farreng, députée européenne
Christophe Grudler, député européen
Irène Tolleret, députée européenne et présidente de l’intergroupe « Vin, spiritueux et produits de qualité »