es viticulteurs méridionaux font figure de pionners dans le développement de l’agrivoltaïsme : sur les 37 projets Sun’Agri retenus dans les appels d’offres « solaire photovoltaïque innovant » de la Commission de régulation de l’énergie, 26 concernent la viticulture. « C’est le secteur agricole pour lequel nos projets sont les plus avancés » confirme Perrine Fortin, Responsable du Pôle Agro chez Sun’Agri. Tous ces projets, qui seront déployés en 2022, sont situés sur tout le vignoble de l’arc méditerranéen : Pyrénées-Orientales, Aude, Gard, Hérault, Vaucluse Var..
La société Sun’Agri a déjà installé un démonstrateur sur 4,5 hectares de vignes à Tresserre (Pyrénées-Orientales) et mène depuis plusieurs années des essais sur des parcelles à Piolenc dans le Vaucluse et à l’Inra de Pech Rouge dans l’Aude. L’entreprise développe des ombrières photovoltaïques, placées à 4 mètres au-dessus du sol, qui protègent la vigne des excès du soleil. Pilotés à partir d’algorithmes conçus sur mesure selon les besoins de la vigne, ces panneaux s’inclinent en fonction des besoins d’ensoleillement ou d’ombrage de la plante.
Les premiers résultats recueillis lors de la campagne 2019 sur le site de Piolenc ont montré que les vignes abritées sous ce dispositif ont mieux résisté que les autres aux fortes chaleurs de l’été. Sous les ombrières, les besoins en irrigation sont réduits de 12 à 34 % selon les modalités, l’irrigation a été déclenchée plus tardivement, la réserve en eau des sols est supérieure de 20 millimètres et l’arrêt de la croissance est retardée de 10 à 15 jours par rapport à la vigne témoin sans protection photovoltaïque. L’ombrage a également eu un effet positif sur le poids des baies, supérieur de 17 % dans les vignes protégées. Enfin, il a également eu un effet bénéfique sur la qualité organoleptique des vins. La teneur en anthocyanes est plus élevée (+13 %), tout comme l’acidité totale (+9 à +14 % selon les modalités). « Les données recueillies en 2020 vont dans le même sens. De plus, sur les essais menés à Pech Rouge où la parcelle ombrée et la vigne témoin ont été récoltées à la même date, on a constaté un écart d’1 % vol. d’alcool entre les vins issus des vignes ombrées (les plus faibles en alcool) et ceux de la parcelle témoin sans ombrage» indique Perrine Fortin.
Fort de ces résultats, Sun’Agri passe à la vitesse supérieure avec ces 26 projets prévus à partir de 2022. « Ce sont des installations sur de petites surfaces (1 à 5 ha), mises en place à l’occasion dune replantation. Les viticulteurs qui nous contactent le font avant tout pour trouver des solutions au réchauffement climatique. Nous les accompagnons techniquement et administrativement. Nous sommes également en mesure de leur proposer des investisseurs s’ils ne souhaitent pas porter eux-mêmes l’investissement qui s’élève à 800 000 €/ha » précise Antoine Nogier, président-fondateur de Sun’Agri.
La cave coopérative de Florensac fait partie de ces pionniers qui vont tenter l’expérience. « C’est un projet que nous menons en partenariat avec la mairie, qui nous fournit le terrain, et Sun’Agri, qui nous accompagne techniquement et pour le montage financier de l’opération. Depuis dix ans, nous sommes équipés de panneaux photovoltaïques sur le toit de la cave qui produisent 44 % de notre consommation énergétique. Avec ce nouveau projet prévu sur 4,5 ha, nous serons en énergie positive. Il y a une pression colossale sur le foncier dans cette région. Participer au développement d’énergie renouvelable, tout en maintenant une production viticole sur le même terrain est un challenge environnemental qui s’inscrit parfaitement dans notre stratégie de développement » confie Stéphane Roques, le directeur d ela coopérative héraultaise.


Les Vignobles de Cap Leucate ont également signé pour installer ces ombrières sur 1,5 ha, à proximité immédiate du site de la cave. « C’est une réponse au problème du changement climatique. Dans notre terroir, nous souffrons terriblement de la sécheresse, les possibilités d’irrigation sont très réduites. Mettre la plante à l’ombre pour limiter l’évapotranspiration nous paraît une bonne solution. Nous envisageons ce projet comme une vitrine pour communiquer sur cette nouvelle technologie et mettre un coup d’arrêt à la consommation de terres agricoles pour la production d’énergies renouvelables. Il s’agit d’essayer, de démontrer et de convaincre notre entourage sociétal et administratif. Pour le moment, nous n’avons pas d’objectifs économiques, le projet sera entièrement financé par des investisseurs. Mais nous n’excluons pas, à terme, de trouver des revenus complémentaires avec la production d’énergie » souligne Lilian Copovi, le président de la cave audoise.