Si nous avons appris quelque chose en 2020, c’est que les tendances fondamentales du comportement des consommateurs ne disparaissent pas. Les circonstances font qu’elles sont simplement exacerbées ou bien inhibées », pose d’emblée l’analyste britannique. La premiumisation, le développement de nouveaux packagings et la montée en puissance du commerce électronique corroborent cette affirmation, dans un sens comme dans l’autre. Si la tendance à consommer « moins mais mieux » a été temporairement mise en suspens – augmentation des achats en grande surface et craintes économiques obligent – Wine Intelligence prévoit la poursuite de cette tendance sur la durée. Avec un bémol : « La dépense moyenne par bouteille va augmenter, mais cela pourrait s’expliquer en grande partie par une hausse des taxes sur l’alcool ». En effet, l’analyste estime que les boissons alcooliques restent une « cible facile » pour les gouvernements en quête d’argent dans la période post-Covid. En même temps, le besoin d’aliéner des stocks excédentaires dans certains pays producteurs pourrait atténuer cet impact fiscal pour les consommateurs.
Autre tendance de fond qui, elle, a été fortement impulsée par la crise : le développement des packagings alternatifs. Les BIB, on le sait, ont surfé sur cette vague, mais les cannettes aussi. Evoquant une année 2020 « ad hoc » où des occasions de consommation pouvaient se présenter ou bien s’évaporer en un clin d’œil, Wine Intelligence note que ce format répond à des envies de portabilité, de maîtrise des quantités consommées et de conservation. Et affirme que cette tendance va se poursuivre, sous l’effet « d’une série de lancements de nouveaux produits visant à proposer des produits de meilleure qualité et plus fonctionnels ». On pourrait ajouter aussi, porteurs de valeurs éthiques et environnementaux car, comme le constate le distributeur britannique Waitrose, les consommateurs n’en ont jamais été aussi conscients, ni aussi demandeurs de packagings alternatifs.
Autre aspect positif de la crise : des liens plus proches noués entre opérateurs et consommateurs. Là aussi, Wine Intelligence affirme que les relations plus directes et authentiques qu’ont pu établir les producteurs avec leur clientèle vont se perpétuer. Gare à ceux, néanmoins, qui seraient tentés de penser que ce rapport sera aussi facile à entretenir en 2021 qu’en 2020. La concurrence des détaillants et du secteur CHR en termes de part de voix reviendra en force dès lors que les restrictions Covid seront levées. De même, si le commerce électronique a beaucoup profité de la crise, il ne suffira plus demain de proposer des produits en ligne : « La proposition clé en 2021 ne portera pas tant sur la gamme ou les prix que sur l’immédiateté. Le modèle traditionnel du commerce électronique actuel, qui consiste à passer commande aujourd’hui pour la recevoir la semaine prochaine, sera remplacé par les opérateurs en mesure de livrer les commandes aujourd'hui », affirme l’analyste, évoquant des synergies avec des secteurs connexes comme la gastronomie pour réduire la charge logistique et les frais d’une livraison rapide.
Enfin, dernière prévision : la montée en puissance des « seltzers » à base de vin. Globalement, la catégorie des « hard seltzers » – boissons alcoolisées à base d’eau gazeuse – a affiché une hausse à trois chiffres dans sa patrie américaine au cours des deux dernières années et devrait tripler d’ici 2023 selon The IWSR. « Où se trouve donc le marché des seltzers à base de vin ? D’après nous, il suit de près. Certains produits existent déjà dans cette catégorie, mais nous prévoyons qu’en 2021, les producteurs de vin feront un effort concerté pour surfer sur la vague des « hard seltzer » ».