ous les vins rosés tranquilles bénéficiant d’une appellation d’origine protégée peuvent désormais constituer un Volume Complémentaire Individuel (VCI) annonce le décret n° 2020-1813 du 30 décembre 2020. Abrogeant le dispositif expérimental ouvert en 2014 pour les appellations Cabernet d'Anjou et Côtes de Provence, le texte élargit l’outil du VCI à toutes les AOP, sous réserve de validation qualitative pour chaque millésime lors des demandes de rendements auprès de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO).
« Nous sommes très satisfaits que le dispositif soit entériné » indique Pierre-Antoine Pinet, le président des rosés d’Anjou, qui rapporte une expérience très satisfaisante dans la succession d’aléas climatiques des derniers millésimes. En 2018, l’appellation du Cabernet d’Anjou a ainsi mis 20 000 hl/ha en VCI, dont 18 000 hl/ha ont été réintégrés à l’occasion du petit millésime 2019 (pour comparaison, récolte moyenne AOC de l’ordre de 300 à 350 000 hl). « Le VCI a essentiellement servi d’assurance récolte sur le Cabernet d’Anjou. Contrairement à un assureur qui donne de l’argent, le VCI donne du vin » souligne Pierre-Antoine Pinet, qui table sur 25 à 30 000 hl de VCI pour le millésime 2020.
Jouant un rôle de tampon dans les disponibilités, et l’évolution des cours, le VCI reste dépendant cependant limité par le niveau des récoltes. Pendant leur expérimentation, les Côtes Provence n’ont pas eu l’occasion de mettre de gros volumes en réserve. « On souhaiterait en avoir plus, mais depuis plusieurs années nous n’arrivons pas à atteindre 55 hl/ha. Nous avons plus eu un problème de rupture de stock que de mise en VCI » résume Nicolas Garcia, le directeur de l’Organisme de Défense et de Gestion des Côtes de Provence. Actuellement une quarantaine d’opérateurs provençaux ont mis en place un VCI. « L’outil intéressant est intéressant, on espère qu’il y aura plus de récolte et qu’il se démocratisera » indique Nicolas Garcia.
Convaincu de l’utilité économique du VCI, Pierre-Antoine Pinet note cependant un point d’attention pour l’avenir : « le VCI n’est pas en rosé une assurance qualité comme il peut l’être pour les vins rouges et les vins blanc. Nos marchés cherchent des vins frais et jeunes, on ne pourra jamais monter trop hauts nos volumes de stockages (ils sont limités à 8 hl/ha par millésime, pour un total de 12 hl/ha par domaine). »


Pour le vigneron angevin, l’impact qualitatif des VCI est à suivre pour assurer leur respect des attentes des acheteurs. Pierre-Antoine Pinet évoquer ainsi l’idée d’un « suivi qualitatif des lots stockés », pour s’assurer de leur niveau de fraîcheur lors de la réintégration des vins. Des prélèvements aléatoires par l’organisme de contrôle pourrait être envisagé.