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L'agroforesterie ne sauvera pas à elle seule la viticulture
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Intrants et climat
L'agroforesterie ne sauvera pas à elle seule la viticulture

Si des bosquets bien placés peuvent climatiser des parcelles, planter des arbres au milieu des vignes ne suffira pas à contrer le réchauffement climatique. L’agroforesterie n’a pas non plus assez d’impact sur la biodiversité pour éliminer tout recours aux produits phytosanitaires. C’est la conclusion du chercheur Thierry Dufourcq, pilote du projet Vitiforest.
Par Marion Bazireau Le 11 décembre 2020
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L'agroforesterie ne sauvera pas à elle seule la viticulture
«

L’agroforesterie intraparcellaire n’est pas la panacée », assure l’ingénieur Thierry Dufourcq, qui a piloté le projet Vitiforest pour le compte de l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV).

« Nous avons évalué l’impact de l’arbre sur le comportement de la vigne sur 34 hectares dans six domaines du bordelais, des côtes de Gascogne, et de Cahors, aux terroirs, cépages, et modes de conduite très variés » détaille-il.

Pendant 4 ans, Thierry Dufourcq a vu de tout : des arbres de haut jet, des fruitiers, ou des haies arbustives. « Ces essences étaient plantées sous forme de lignes à diverses distances des rangs de vignes ou intégrées au sein même du rang de vigne, en remplacement de pieds manquants ».

Rafraichissement ponctuel des vignes

Le chercheur tire un bilan mitigé de ses observations. « Bien sûr, l’agroforesterie intraparcellaire a des points positifs. A Lapouyade (33), 7 ans après la plantation, nous avons par exemple remarqué que l’ombrage rafraîchissait ponctuellement les vignes de l’ordre de 2,5 °C durant la période de véraison. A Lagardère (32), la circulation de l’air a rafraichi de 1,5°C les vignes situées au sud de larges allées d’arbres lors des journées à forte demande évaporative » illustre-t-il. L’arbre est un puit de carbone et peut contribuer à son échelle à atténuer les effets du réchaufffement climatique.

Les arbres semblent en revanche peu impacter la biodiversité des vignobles. « Mise à part des populations plus importantes de lombrics sous les bandes enherbées autour des arbres, nous n’avons pas observé plus d’arthropodes ou de microorganismes dans les sols, et les populations de ravageurs n’ont pas diminué. Les comptages ont varié d’une année sur l’autre, et il est par exemple impossible d’affirmer que les chauves-souris sont allées manger les tordeuses de la grappe » reprend Thierry Dufourcq.

L’arbre peut favoriser les maladies

Ce dont il est sûr, c’est que l’agroforesterie intraparcellaire ne constituera pas à elle seule une solution au réchauffement climatique, pas plus qu'elle ne permettra une baisse significative de l’utilisation des produits phytosanitaires. Il rappelle aussi que cette pratique culturale n’est pas sans risques. « Si l’arbre est un tampon climatique, il peut aussi générer de l’humidité au printemps et favoriser le développement des maladies cryptogamiques » prévient Thierry Dufourcq, sans entrer dans le détail des problématiques liées à la mécanisation ou aux objectifs de production.

Seulement une centaine d’hectares en France

Ces difficultés expliquent sûrement pourquoi, même si tout le monde en parle et que des initiatives voient le jour ici ou là, à l'instar du nouveau projet de verger-vigne du Vinopôle d’Amboise, l’agroforesterie intraparcellaire reste très peu développée. « Elle concerne moins d’une centaine d’hectares en France » estime l’ingénieur.

Il recommande aux viticulteurs qui souhaitent s’essayer à l’agroforesterie de commencer par la mettre en œuvre à l’échelle de l’exploitation plutôt qu’à celle de la parcelle. « Il y a plein de choses à faire avant de planter des arbres dans les vignes. On peut par exemple planter des haies brise-vent ou des bosquets pour abriter les chauves-souris en bordure de chemins ou de parcelles. Mieux vaut maîtriser parfaitement les couverts végétaux avant de réaliser des plantations parmi les vignes. » 

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Tous les commentaires (3)
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Dominique Le 14 décembre 2020 à 22:08:18
Cher CognaXO, je crains que vous n'ayiez pas pris la mesure des dégâts climatiques en cours. Croire qu'on va conserver les rendements historiques, c'est être un doux utopiste. Soyons lucides : tous les rendements s'orientent à la baisse. Tous les signaux sont au rouge. Absolument tous. Simplement, cela donne tellement le vertige qu'on préfère ne pas y penser, et continuer le train-train, en prolongeant les courbes du passé. Une agroforesterie homéopathique ne peut pas inverser une telle tendance climatique, c'est sûr. Par contre, la remise en place d'un paysage de bocage ( qu'on a détruit ) est un des seuls moyens à notre portée pour limiter la casse. Ca serait déjà un travail énorme. Quand il fait 40 °C et plus, l'irrigation de grandes surfaces ( avec quelle eau ? ) est dérisoire et hors de portée.
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CognacXO Le 12 décembre 2020 à 01:08:02
Ah..L’agroforesterie...Le sujet du moment..qui prend de l’ampleur...Un coup de com’ du ministère de l’agriculture comme l’explique si bien Dominique dans son commentaire. il fallait quand même pas sortir de la cuisse de Jupiter pour avoir compris que l’agroforesterie intraparcellaire, ça ne changerait pas grand chose...ce n’est pas quelques arbres par ci, par là qui permettrait de sauver les vignobles français du réchauffement climatique. Car beaucoup de facteurs rentrent en ligne de mire: l’implantation de la parcelle, la variété des arbres utilisés, le type de sol, etc....mais surtout les objectifs de rendement... Car chez nous, à Cognac, les rendements à atteindre ne sont pas du tout les mêmes que dans les autres vignobles de France...on est plus près du 160 Hl/Ha que du 45 Hl/Ha...donc, qui dit planter des arbres ou des haies à proximité, voire dans les rangs de vignes, dit concurrence au niveau production...et la, effectivement, ça ne passe pas. On peut certainement revenir, comme le disent si bien M. Dufourcq et Dominique dans son commentaire, à un paysage de bocage autour des parcelles et en bordure de chemins, plus facile à mettre en œuvre et à entretenir, que des fruitiers en plein rang de vigne... D’autre part, il vaudrait mieux implanter des haies que des arbres de haut jet, car elles sont plus facile à entretenir rapidement - un coup de faucilleuse de chaque côté et le tour est joué... Au final, l’agroforesterie reste une solution marginale pour lutter contre le réchauffement climatique...et qui n’a de positif que de faire plaisir aux bobos, pour qu’ils voient que nous autres viticulteurs, nous faisons tout pour que les petits oiseaux chantent dans le bois ...
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Dominique Le 11 décembre 2020 à 09:28:16
Il était évident, avant même ces mesures, que l'agroforesterie, sur une parcelle ou un domaine,ne peut pas peser significativement sur une évolution climatique de cette ampleur. L'agroforesterie n'a d'impact réel que si une région entière l'adopte. Il y a des décennies que des agronomes comme Dominique Soltner ( référence autrefois dans les écoles d'agros ) ont montré cela : l'influence de "la rugosité" du paysage, la nécessité de parcelles de 4 hectares maximum entourées de haies arbustives. A contrario, c'est bien la modification massive des paysages dans les années 60, par l'arrachage et le brûlage de centaines de milliers de kilomètres de talus, qui a contribué aux modifications des micro-climats régionaux. Des fonctionnaires de l'agriculture ont alors touché des primes pour mettre en place cet arrachage et promouvoir une agriculture "moderne", adaptée au machinisme. A l'époque, on avait déjà noté la recrudescence à suivre des inondations. Maintenant, nos paysages n'ont plus aucun effet tampon sur le climat. Il suffit de sortir de Bordeaux en direction de l'Espagne ( muni du ausweis, bien sûr...) pour voir des milliers d'hectares de sables morts, totalement dénudés ou au mieux couverts de grandes cultures sous quasi-hydroponie. Une telle agriculture, même bio, est un pur désastre climatique. Une étude Agreste montre que le linéaire de haies arbustives continue de décroître, en dépit des primes et de la communication faite autour. A noter aussi les études sur l'influence du paysage sur le régime des pluies. Le plan de Julien Denormandie sur les haies relève donc , comme toujours, d'une stratégie de communication, pas d'une action véritable. "Non significatif" : c'est le terme qui revient le plus dans les statistiques de vente du CIVB. Félicitations ! C'est très bien trouvé pour qualifier l'action de nos institutions viticoles et celle du ministère de l'agriculture.
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