Selon une déclaration publiée le 27 novembre par le ministère chinois du commerce, celui-ci a affirmé imposer des droits antidumping temporaires compris entre 107,1 % et 212,1 % sur les importations de vin australien. L’annonce intervient quelques semaines seulement après qu'une note de service déclarant que la Chine devait imposer une interdiction sur les importations de vin australien ait été fuitée.
Le ministère affirme que les droits sont temporaires et qu'il est possible que les sommes collectées soient remboursées en fonction des résultats d'une enquête approfondie, mais les chances de remboursement sont extrêmement minces. Cette escalade des tensions entre les deux pays risque de compromettre les exportations de vin australien vers son marché le plus rentable, dont le chiffre d’affaires totalise 1,2 milliard de dollars australiens, et impacter des milliers d'emplois tant en Australie qu'en Chine.
Selon une liste détaillée des droits de douane imposés aux principales entreprises vinicoles australiennes, Treasury Wine Estates (TWE), le plus grand exportateur de vin australien vers la Chine et propriétaire de Penfolds et Wolf Blass, a écopé du tarif le plus élevé, soit 169,3 %. Quant à Accolade Wines, Pernod Ricard, Australian Vintage, Octtava Wines, Brown Brothers et Kilikanoon, propriété de Changyu, le taux de 160,6 % a été retenu. Celui-ci passe à 160,2% pour Casella Wines, propriétaire de Yellow Tail, tandis qu’Australia Swan Vintage, propriété chinoise et créatrice d'Auswan Creek, s’est vu imposer le taux le plus bas, à 107,1%. Sa gamme de vins comporte une cuvée en rouge baptisée Ambassador Shiraz en l'honneur de l'ancien Ambassadeur australien en Chine, Geoff Raby, qui a critiqué ouvertement la politique actuelle de Canberra à l'égard de la Chine.
Le vin de nouveau une victime collatérale
A la suite de cette annonce choc, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, s'est empressé de rejeter la faute sur l'Australie. Il a déclaré notamment que « l'Australie devrait réfléchir à son propre comportement et se demander si elle respecte les intérêts de la Chine ». Ces commentaires reflètent le climat actuel entre les deux pays, qui se sont de nouveau aggravées à cause des tensions entourant la 5G, Huawei, l’enquête sur le coronavirus et l’ingérence étrangère. « Nous demandons instamment à l'Australie de corriger ses actions et de faire face à ses erreurs », a lancé Zhao Lijian.
Au moment de l’annonce, TWE, propriétaire de marques telles Penfolds, Wolf Blass, Lindeman's, Yellowglen et Rawson's Retreat, a suspendu ses cotations, ses actions ayant chuté de 13 %. En août, Pékin a annoncé une double enquête sur les vins australiens provoquée par des allégations de dumping et de subventions, menaçant les perspectives des vins australiens en Chine. Rappelons que l’Australie détient actuellement 40 % de part de marché et se place devant la France et le Chili. D’autres produits australiens sont également tombés sous le coup de restrictions imposées par Pékin, notamment l'orge, le blé, le charbon, le bœuf, le homard, le sucre, le cuivre et le bois d'œuvre.