n Languedoc, les cépages résistants suscitent de plus en plus d’intérêt. Preuve en a encore été donnée ce vendredi 9 octobre, lors de la journée Innov’Action, organisée par la Chambre d’Agriculture de l’Hérault chez les Vignerons du Pays d’Ensérune. Environ 70 viticulteurs, coopérateurs ou en cave particulière, se sont déplacés pour assister à cette matinée de présentation des cépages résistants que le groupement coopératif a planté depuis plusieurs années dans son vignoble. « Nous avons engagé la réflexion au début des années 2000 : en 2005, nous avons commencé à planter quatre variétés sélectionnées par Alain Bouquet, puis entre 2010 et 2017 nous avons testé des variétés suisses et allemandes et en 2016, nous avons été les premiers à planter de l’Artaban®, une des quatre variétés Resdur à résistance polygénique développée par l’INRAe », rappelle Gabriel Ruetsch, Responsable Service Agronomie au sein du groupement coopératif.
La visite a justement lieu sur cette parcelle de 1,26 ha plantée d’Artaban® en 2016. Jouanel Poulmarch, conseiller de la Chambre d’Agriculture de l’Hérault, qui a suivi cet essai, détaille les résultats : avec deux traitements mildiou et oïdium en 2018 et 2019 et un seul en 2020, la vigne a parfaitement bien résisté à l’oïdium. Quelques dégâts de mildiou sur grappes (1 à 5%) ont été observés en 2018 et surtout en 2020, deux années de forte pression mildiou. « Il aurait sans doute fallu faire un deuxième traitement anti-mildiou en 2020 », confie Gabriel Ruetsch. L’Artaban s’est révélé sensible au black-rot avec des dégâts importants (10 à 50%) sur feuilles à véraison en 2020. Il a également été observé une forte carence en magnésium, un constat qui a été fait sur beaucoup d’autres variétés résistantes.
Le rendement moyen sur les trois années de récolte (2018 à 2020) s’élève à 86 hl/ha avec un nombre de grappes hétérogènes selon les années, « sans doute dû à la phase de formation de la vigne », estime le technicien de la chambre d’agriculture. « Il a fallu couper beaucoup de raisins en 2018, car il y avait plus de raisins que de feuilles », précise Gabriel. La date de récolte s’établit autour du 14 septembre. Au niveau œnologique, l’Artaban® donne un vin faiblement alcoolisé (11,5%), fruité avec une structure plutôt légère. « Le Vidoc®, autre variété Resdur que nous avons également plantée, donne des vins plus structurés et se prête mieux à l’élaboration de vins rouges, mais l’Artaban peut faire de très jolis rosés », estime Gabriel Ruetsch.
« Le problème avec ces cépages résistants, c’est qu’on perd l’habitude d’aller à la vigne », lâche en plaisantant un viticulteur des Vignerons du Pays d’Ensérune, invité à s’exprimer. Un bon argument pour convaincre ses pairs. Reste à savoir quels seront les débouchés commerciaux de ces nouveaux cépages. Seules 2300 bouteilles de NU.VO.TÉ 2018, un rouge 100% Artaban®, ont été produites en 2019 et se sont rapidement commercialisées. La cuvée 2019 (60% Artaban®, 40% Vidoc®) compte 7000 cols, dont les trois quart sont déjà vendus. Même si ces résultats sont encourageants, ils méritent d’être confortés par des ventes moins confidentielles pour accélérer la plantation de ces variétés résistantes, qui sont une bonne réponse à la demande sociétale pour une réduction des intrants.